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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Nr. 4
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Courajod, Louis: L' Administration des Beaux-Arts au milieu du XVIIIe siècle: la restauration des tableaux du Roi
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0385

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RESTAURATION DES TABLEAUX AU XVIII* SIÈCLE. 373

hautes aspirations des deux siècles précédents, jamais elle n’a été plus générale-
ment éclairée sur les arts; jamais le goût public n’a été plus universel; jamais la
société n’a été plus polie. La Curiosité naît de toutes parts. La Collection fait rage.
Les objets précieux dépistés partout sont poursuivis avec fureur. La Cour et surtout
Mmc de Pompadour exercent, à cet égard, une influence extrêmement salutaire.

Le Roi n’ose plus jouir seul des chefs-d’œuvre que ses ancêtres ont réunis avec
un goût si parfait. Tl en veut partager la vue avec ses sujets. Le Musée du Luxem-
bourg s’ouvre dans ce but le 44 octobre 4750. Le cabinet du Roi est sur un bon pied.
La direction des Beaux-Arts, attribuée à l’administration des Bâtiments du Roi, dé-
sire connaître exactement, à l'aide d’un nouvel inventaire, tous les trésors accumulés
par la maison de France dans les palais de la Couronne. C’est pour elle que depuis
plusieurs années Bernard Lépicié dresse à grands frais son catalogue. Toutes les rési-
dences royales révèlent les richesses qu’elles renferment. Toutes les peintures sont
examinées et sondées par l’habile secrétaire de l’Académie de peinture, qui constate
avec douleur bien des détériorations.

Le mal une fois reconnu, on songe immédiatement à le réparer; et ce fut dès lors
la plus sérieuse préoccupation de la Direction des Bâtiments du Roi. Le Roi avait
deux restaurateurs en titre de ses tableaux. C’était Colins, peintre, sorte d’expert,
marchand de tableaux et acquéreur pour Sa Majesté. C’était aussi la dame Godefroid,
veuve alors d'un certain Godefroid ou de Godefroy joaillier, mort en 1748 et dont la
vente eut lieu à cette époque. On sait que les joailliers faisaient le commerce des
tableaux et de toute espèce de curiosités ou d’objets d’art. Elle avait donc puisé dans
son état les connaissances nécessaires à ses fonctions; elle-même peignait. Ces deux
industriels s’étaient associés et avaient entrepris la restauration des tableaux du Roi.
Us recevaient, outre le prix de leurs restaurations, des appointements fixes de
200 livres par an.

En ce moment un homme faisait grand bruit d'une découverte. Picault, nettoyeur
attitré des Bronzes du Roi, prétendait pouvoir « enlever toutes les peintures de dessus
le bois, la toile, le cuivre ou le plâtre, » et offrait de prouver son assertion. On était
alors obligé de démolir au château de Choisy un plafond peint par Antoine Covpel
dans un pavillon placé au bout des jardins. Picault proposa do lo transporter sur toile,
s’en acquitta fort bien, et enrichit la galerie d’Apollon de cette peinture. Il continua,
ses expériences avec le même succès sur des tableaux de Van der Meulen.

Lo directeur général des Bâtiments du roi,M. de Tournehem déplus en plus effrayé,
vers 1749, de la détérioration de quelques-uns dos tableaux qu'il faisait recenser, cherchait
tous les moyens possibles de conserver à la France les beaux ouvrages que Louis XV
et ses prédécesseurs avaient acquis à la nation. Il expérimentait différents modes de
restauration. Lo tableau que André del Sarte peignit en France pour François Ier,
la Charité (n° 437 du Catal. du Louvre), paraissait absolument perdu. Restait cepen-
dant un espoir de le sauver, car le directeur avait entendu parler de l’homme qui
publiait sa découverte et l’avait même employée. Mais d’un esprit prudent en même
temps qu’ouvert à tous les progrès, M. de Tournehem se méfiait du prétendu inven-
teur qui pouvait n’être qu’un empirique, et ne voulait rien risquer à la légère. Il
chargea Charles-Antoine Coypel, premier peintre du Roi, d’examiner si Picault était
capable de réaliser ce qu’il se vantait de produire. Coypel fit un rapport favorable, et
la direction des Bâtiments livra le tableau compromis aux mains du restaurateur.

L-’opération fut jugée satisfaisante et complète; et le premier objet qu’on montra
 
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