DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:Courajod, Louis: L' Administration des Beaux-Arts au milieu du XVIIIe siècle: la restauration des tableaux du Roi
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
gents parvenus qui furent si favorable aux Arts, — il était heureux de mêler à ses récens
gentilshommes quelques gens de talent, s’informant de leur valeur personnelle et non
de leur origine. A une époque où la noblesse avait encore du prestige, être agrégé à
cette classe constituait la suprême consécration du mérite. Mais au moment précis où
le roi anoblissait l’architecte Soufïlot et le graveur Cochin, il se garda d’assimiler à
des artistes des gens de métier et à des peintres les vernisseurs de leurs tableaux.
On le voit : le commerce des couleurs et des vernis rapportait déjà plus que la pra-
tique des arts. La restauration du Saint Michel coûtait le mime prix que le Christ de
Rubens, acheté en 1749. Yien, déjà célèbre, donnait à la reine de France deux
tableaux, Saint Thomas prêchant les Indiens, et Saint François-Xavier débarquant à
la Chine, pour une somme bien inférieure à celle que touchait 'annuellement, comme
gratification, le rentoileur Picault. Mais alors l’argent suffisait à l’ambition du négoce,
et les récompenses honorifiques étaient réservéesaux seuls artistes. Picault ne fut che-
valier d’aucun ordre du Roi, quand La Tour pouvait dédaigneusement refuser la croix
de saint Michel. Et cependant, de tous les rentoileurs de tableaux, qui eût plus mérité
cette sorte de distinction que l’inventeur du rentoilage ?
LOUIS COU I! A J O D.
Le Directeur : F.MILR GALICHON.
1 AK ! S.
J. CI.AYE, IMPRIMEUR, 1
UE SAIN T-BENOIT. — [1360]
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
gents parvenus qui furent si favorable aux Arts, — il était heureux de mêler à ses récens
gentilshommes quelques gens de talent, s’informant de leur valeur personnelle et non
de leur origine. A une époque où la noblesse avait encore du prestige, être agrégé à
cette classe constituait la suprême consécration du mérite. Mais au moment précis où
le roi anoblissait l’architecte Soufïlot et le graveur Cochin, il se garda d’assimiler à
des artistes des gens de métier et à des peintres les vernisseurs de leurs tableaux.
On le voit : le commerce des couleurs et des vernis rapportait déjà plus que la pra-
tique des arts. La restauration du Saint Michel coûtait le mime prix que le Christ de
Rubens, acheté en 1749. Yien, déjà célèbre, donnait à la reine de France deux
tableaux, Saint Thomas prêchant les Indiens, et Saint François-Xavier débarquant à
la Chine, pour une somme bien inférieure à celle que touchait 'annuellement, comme
gratification, le rentoileur Picault. Mais alors l’argent suffisait à l’ambition du négoce,
et les récompenses honorifiques étaient réservéesaux seuls artistes. Picault ne fut che-
valier d’aucun ordre du Roi, quand La Tour pouvait dédaigneusement refuser la croix
de saint Michel. Et cependant, de tous les rentoileurs de tableaux, qui eût plus mérité
cette sorte de distinction que l’inventeur du rentoilage ?
LOUIS COU I! A J O D.
Le Directeur : F.MILR GALICHON.
1 AK ! S.
J. CI.AYE, IMPRIMEUR, 1
UE SAIN T-BENOIT. — [1360]