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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Nr. 5
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Lenormant, François: Le trésor d'Hildesheim
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0427

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LE TRÉSOR D’JJILDESHEIM.

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Le célèbre vase de Warvvick, que l’on considère avec assez de raison
comme copié d’après un original du sculpteur privilégié d’Alexandre, est
le plus bel exemple connu de ce type appliqué à l’exécution des vases
.monumentaux en marbre. Mais, bien que plus forte qu’on ne l’eût faite
ù l’époque antérieure, la saillie des masques et des autres ornements
■est encore modérée, par rapport à ce qu’on voit plus tard, dans le vase
de Warwick et dans le merveilleux canthare en sardonyx du Cabinet
des médailles, connu sous le nom de coupe des Ptolémées, qui est bien
•certainement une œuvre grecque du temps des successeurs d Alexandre.
Ce fut sous les Romains que le nouveau système de composition et de
décoration des pièces d’argenterie atteignit le degré d’exagération de
tours de force d’un goût plus que douteux, que nous avons signalé tout
à l’heure. Les Romains, au point de vue de l’art, gardèrent toujours
quelque chose du barbare. Ils ne savaient pas sentir le beau dans sa pu-
reté; ce qu’ils aimaient, c’était le riche, le luxueux, le ronflant. Les vases
du trésor d’Ilildesheim appartiennent à ce dernier style, et il n’en est pas
un seul auquel on puisse attribuer une origine autre que romaine.Mais, le
genre donné, quelques-uns sont d’une beauté et d’un intérêt exceptionnels.

La pièce capitale est la délicieuse coupe dont 1 ’emblema présente
une figure de Minerve assise sur un rocher. Vêtue d’une longue tunique
et du péplos, coiffée d’un casque à triple aigrette, la déesse est repré-
sentée sous son aspect pacifique, comme protectrice des arts utiles à
l’humanité; tandis qu’elle s’appuie du bras gauche sur son bouclier, elle
étend la main droite sur un objet où M. Wieseler a très-ingénieusement
reconnu l’araire d’une simplicité primitive qui fut seule en usage chez les
anciens, et dont plusieurs traditions mythologiques attribuaient l’inven-
tion à Minerve elle-même. Sur un rocher, en face d’elle, on voit la
chouette, son oiseau favori, et une couronne faite avec le feuillage de
l’olivier, l’arbre précieux que, dans sa dispute avec Neptune, elle fit
sortir du sol stérile de l’Attique. Conformément à un usage assez habituel
aux ciseleurs antiques, et dont on a d’autres exemples dans les vases de
Rerthouville et dans ceux d'Ilildesheiin, toutes les parties en relief sont
dorées au feu, à l’exception des chairs de la déesse, pour lesquelles on
a réservé la couleur naturelle de l’argent. Cette polychromie sort de nos
habitudes; mais, restituée avec son éclat primitif dans les copies de
M. Christolle, elle est d’un effet charmant; nul doute que les yeux ne
s’y habituent bien vite et qu’on ne reconnaisse que là encore le goût des
anciens avait raison contre le nôtre.

Une bordure de palmettes, d’une élégance toute grecque, entoure le
médaillon de la Minerve. Cette patère est sans contredit un des mor-
 
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