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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Nr. 5
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Burty, Philippe: Sainte-Beuve: critique d'art
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0472

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SAINTE-BEUVE, CRITIQUE D’ART.

Z|59

velle de quelque partie de cet œuvre, dont l’ensemble, selon l’excellent
mot de Paul de Saint-Victor, « donne l’éblouissement », ils résisteront
et se persuaderont qu’ils peuvent s’en passer. Chaque jour un ami ou un
journal viendra leur dire : « Vous avez lu la curieuse lettre de Victor
Hugo, républicain dès 1832, que publie Sainte-Beuve dans la dernière
édition de ses Portraits contemporains1 ? Quelles notes exquises il a
piquées à la fin de l’étude de Georges Sand ! Comme les billets d’Alfred
de Vigny, qu’il donne cette fois, servent à expliquer cette nature indécise
et complexe ! Avec quelle délicate ironie, et sous quelle irrésistible
impulsion de vérité, il fait ressortir à d’autres places le ton trop monté
de ses premiers enthousiasmes ! Ne diriez-vous pas le diable fait ermite
s’appliquant la discipline ? »

Notre homme intrigué, alléché, prend en maugréant le chemin de la
librairie Lévy. Et c’est en chemin, lorsqu’il coupe les feuillets, et qu’il
savoure à petites gorgées ces notes élégantes et solides comme les
tasses en filigrane dans lesquelles les Orientaux boivent le café, qu’il
s’apaise et pardonne.

Dans les quelques lignes de préface qui ouvrent le premier volume
de cette nouvelle édition, M. Sainte-Beuve déclare que « ... ce sont là
des portraits faits à une certaine date, à un certain âge. Ils nous rendent,
aussi fidèlement qu’il lui a été possible, les originaux tels qu’ils étaient
à ce moment ou tels qu’ils lui parurent. » Plus loin, il ajoute qu’en les
relisant et les complétant à distance il tiendra compte de toutes les dif-
férences « pour pousser le plus possible au relief et à la vérité. »

Donc ces Portraits, outre la masse variée de documents certains et
toujours délicatement choisis qu’ils mettent à notre disposition sur les
hommes qu’a connus et pratiqués M. Sainte-Beuve, affirment bien son
mode préféré de critique. C’est, je pense, le bon, alors qu’il s’agit d’un
contemporain parlant de ses contemporains. L’avenir aura confiance
dans des matériaux loyalement estampillés.

Et peut-on, lorsqu’il s’agit d’hommes encore vivants ou morts d'hier,
peut-on espérer offrir autre chose que des matériaux pour ces morceaux
d’ensemble dont le présent ne saurait coordonner les parties. Nous n’assis-
tons qu’à des faits. La valeur réelle d’une œuvre ou d’un homme, leur rôle
effectif dans le temps qu’ils ont traversé, ont bien des faces et des poids
divers, et les contemporains eux-mêmes les mieux informés n’ont su que
bien peu des choses de la vérité vraie. Les mobiles rentrent d’ailleurs dans

1. Nouvelle édition, revue, corrigée et très-augmentée. Paris, Michel Lévy frères,
1869. 2 vol. in-18.
 
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