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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Nr. 5
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Wallenstein, ...: Salon de Bruxelles
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0481

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SALON DE BRUXELLES. /,67

Mais cessons toutes réflexions aussi générales, et cherchons dans ce champ à séparer
l’ivraie du bon grain.

Aujourd’hui la peinture religieuse est ici comme partout dans une complète déca-
dence. Sans la commande faite par le gouvernement à M. Meunier, pour l’église de
Chatelineau, nous n’avions rien dans ce genre. Le Dernier soupir du Christ est une
composition sans grande originalité, les poses des personnages sont connues, mais elle
a des qualités sérieuses de dessin et surtout de couleur; les deux têtes du Baiser de
Judas ne manquent pas de caractère, et ont beaucoup d’expression.

Aux dessins, un Caton d’Ulique assis sur un lit de repos et méditant, très-beau
carton qui montre que l’artiste est plus philosophe que chrétien, et une aquarelle
représentant le Martyre de saint Étienne qui impressionne vivement. 11 y a dans ces
divers envois beaucoup de promesses que M. Meunier est fort capable de tenir.

La peinture militaire n’a pas ici les mêmes faveurs ministérielles qu’en France,,
aussi ne brillc-t-elle guère. Il y a bien une sombre toile où l’on aperçoit l’ombre de
Napoléon parcourant un champ do bataille, toile à prétentions philosophiques, où
l’auteur a, sans nul doute, cherché à inspirer l’horreur de la guerre, mais dont l’exé-
cution ne réussit qu’à inspirer... une médiocre estime pour sa peinture. Chose singu-
lière, c’est un paysagiste qui, peut-être n’y songeait-il guère, a réussi, en nous repré-
sentant la vaste plaine de Waterloo couverte de neige, à nous retracer l’horreur
d’une journée fatale, par le sentiment de mélancolie et do tristesse qu’il a donné à sa
toile; on croit, sous cette vaste nappe blanche, aux légères ondulations, deviner des-
monceaux de cadavres. Puisque le tableau de M. Gœthals, un des jeunes d’avenir de
l’École belge, nous introduit dans le paysage, disons de suite que c’est là la partie où
se montrent les plus sympathiques talents, les œuvres les plus brillantes. C’est un
apanage des artistes du nord de sentir la nature, de la comprendre et de savoir la
rendre; le soleil du midi, au contraire, en la faisant plus éblouissante, porte à l’his-
lorier, si je puis me servir de ce mot. Voyez, vous ne trouverez pas ici de paysages
historiques, mais seulement de ces pages où l’artiste a comme résumé l’entretien
qu’il avait, en l'étudiant de près, avec la nature, et l’impression qu’il en a ressentie;
aussi combien retrouvez-vous de sentiment, de poésie, de vérité, do fine observation
dans toutes ces œuvres signées : Marie Collard, Coosemans, Baron, Yerwée, Chabry !
Presque tous ces noms appartiennent à ce qui s’appelle fièrement ici l'école de Ter-
vueren, écolo en plein vent, où l’on travaille sans autre modèle que la nature, sans
autre guide que l’observation, sans autre désir que celui de bien faire; façon primi-
tive de procéder peut-être, mais qui vaut bien le pédantisme de l’enseignement
académique.

Mlle Marie Collard, qui, dans ses débuts, avait montré une fougue un peu trop
grande, est entrée dans une voie plus saine, et ses œuvres se distinguent par une
harmonie d’ensemble, un certain parfum de poésie, un coloris brillant et une exé-
cution serrée qui la mettent au premier rang parmi les paysagistes. Son Temps gris,
qu’elle a bien voulu reproduire sur bois pour les lecteurs de la Gazelle, est un tableau
parfait de tous points. La Source est une page plus intime, d’un charme exquis. Il y a
dans le Printemps des oppositions un peu trop vives de tons, et dans le Fournil
l’exécution se rapproche trop de sa première manière. Le progrès est néanmoins
évident dans l’ensemble des envois de la jeune artiste.

Dans une Vue du parc de Tervueren, par une matinée d’automne, M. Coosemans
a su rendre de la façon la plus juste et la plus heureuse les teintes si riches et si
 
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