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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Nr. 6
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Michiels, Alfred: Artistes de divers genres formés par Rubens
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0528

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ARTISTES FORMÉS PAR RUBENS.

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ment faire de Lucas un statuaire et lui mit l’ébauchoir à la main. Le
novice montra de brillantes dispositions, qui inspirèrent l’envie de le
placer chez Rubens, pour y terminer ses études et y former son talent.
Pierre-Paul le reçut comme élève en 1636. Il ne se borna point du reste
à l’instruire, mais le logea dans sa maison et le traita comme un neveu
ou un filleul. Le jeune homme sut mériter son estime et obtenir son
amitié. Lorsque Rubens quittait la ville, c’était lui qu’il chargeait de
garder son hôtel, de soigner les objets précieux qui l’ornaient. Le
17 août 1638, il lui écrivait de Steen la lettre suivante :

Mon cher et bien-aimé Lucas,

J’espère que celle-ci vous trouvera à Anvers, car j’ai grandement besoin d’un pan-
neau, sur lequel il y a trois têtes de grandeur naturelle, peintes de ma propre main,
savoir ; un soldat en colère, ayant un bonnet sur la tête, et deux hommes pleurant.
Vous me causeriez un vif plaisir en m’envoyant tout de suite ce panneau ; si vous êtes
disposé à me l’apporter vous-même, vous ferez bien de mettre par-dessus un ou deux
mauvais panneaux, pour le préserver et pour empêcher qu’on ne le voie en route. Il
nous semble étrange de ne pas entendre parler des bouteilles de vin d’Aï, car celui
que nous avions apporté avec nous est déjà bu. Sur quoi, je vous souhaite une bonne
santé, de même qu’à Suzanne et à Catherine, et je suis de tout mon cœur, etc.

Pierre-Paul Rubens.

P.-S. Veillez bien, avant de partir, à ce que tout soit fermé et qu’il ne reste point
d’originaux dans l’atelier, soit tableaux, soit esquisses. Rappelez également à Guillaume,
le jardinier, qu’il doit nous envoyer en leur temps des poires de Rosalie, et des figues
quand il y en aura, ou quelque autre chose d’agréable.

Mais Fayd’herbe ne s’occupait que par intervalles de ces soins do-
mestiques. Il travaillait avec ardeur, modelant sans relâche d’après les
dessins et les tableaux de son maître, qui gouvernait son imagination et
lui faisait transporter d’un art dans un autre tous les caractères de son
style. Le jeune homme exécuta de la sorte plusieurs figures, plusieurs
groupes en ivoire, qui ornèrent d’abord le cabinet de Rubens et plus tard
la collection de l’électeur palatin. Sous la direction du grand liomme,
Fayd’herbe parut assouplir les matières qu’il taillait. Le marbre, la
pierre et le bois affectaient les lignes sinueuses des corps vivants; les
draperies avaient l’air d’étoffes réelles. La fougue d’exécution, la richesse
de détails qu’on admirait sur les tableaux de Pierre-Paul, on les retrou-
vait dans les sculptures de son élève. Par son entremise, Rubens semblait
prendre possession de la forme plastique, comme il avait pris possession
de la couleur et du dessin.

Trois ans et quelques mois de cette discipline fortifièrent tellement

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