ARTISTES FORMÉS PAR RUBENS.
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médiocrité; et il représentait le plus souvent des figures nues1. »
Un art plus rapproché de celui où excellait le grand coloriste et où il
est plus curieux, plus important, de constater son action féconde, c’est
la gravure. Basan lui attribue quatre eaux-fortes : 'un saint François
d’Assise recevant les stigmates, une Madeleine pénitente, une sainte
Catherine dessinée pour un plafond, une Femme tenant une lumière,
à laquelle un jeune garçon vient allumer son flambeau. Pontius ou Yor-
sterman a terminé au burin cette dernière planche, et Corneille
Visscher l’a copiée; toutes étaient de la composition du maître. Ces essais,
néanmoins, ne peuvent nous intéresser que faiblement : produits par un
caprice de Rubens, ils n’étaient pas de nature à exercer une vive influence,
à montrer aux chalcographes des routes nouvelles. 11 fallait de grands
ouvrages pour amener ce résultat : plusieurs de ses disciples, qui avaient
d’abord animé la toile, préférèrent bientôt manier le burin, soit qu’un
goût naturel leur imprimât cette direction, soit que le fameux peintre
démêlât les vraies tendances de leur talent et les guidât vers le succès.
Ils travaillèrent sous ses yeux, d’après ses conseils : leur style prit donc
peu à peu toutes les qualités du sien ; ils transportèrent sur le cuivre et
le bois sa fougue, sa richesse de tons, sa vigueur, son audace; ils repro-
duisirent ses belles pages avec une adresse merveilleuse. Une foule d’ar-
tistes suivirent leur méthode, sans avoir étudié près de leur chef, et se
piquèrent d’émulation. Pierre-Paul seul a eu, pour immortaliser ses tra-
vaux, une pareille phalange d’interprètes.
Nous citerons d’abord un des plus habiles, Lucas Vorsterman, le père,
sur lequel nous allons donner pour la première fois quelques renseigne-
ments biographiques. Il vint au monde à Bomrnel, dans la Hollande, en
1578, et non pas à Anvers, comme on l’a toujours imprimé. Sous son
portrait, gravé à l’eau-forte par Van Dyck, très-familier avec le modèle,
se trouvent inscrits ces mots : Lucas Vorsterman, calcographus Anlwer-
piæ, in Geldriâ natus. Ayant appris la peinture chez Rubens, le grand
homme lui conseilla de faire un détour et de suivre une voie latérale. 11
est à croire qu’il dessinait habilement et montrait peu d’aptitude pour la
couleur. De brillants résultats justifièrent l’avis de son maître. Un 1619-
1620, Lucas Vorsterman devint membre de la corporation de Saint-Luc,
et, la même année, reçut un élève nommé Adrien Cas. Le journal le dé-
signe comme étant à la fois marchand d’estampes et graveur. Il obtint
le droit de bourgeoisie à Anvers le 28 août 1620; les registres l’appellent
Lucas Émile Vorsterman, fils d’Émile, et constatent son origine hollan-
1. Tome XVII, page oG.
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médiocrité; et il représentait le plus souvent des figures nues1. »
Un art plus rapproché de celui où excellait le grand coloriste et où il
est plus curieux, plus important, de constater son action féconde, c’est
la gravure. Basan lui attribue quatre eaux-fortes : 'un saint François
d’Assise recevant les stigmates, une Madeleine pénitente, une sainte
Catherine dessinée pour un plafond, une Femme tenant une lumière,
à laquelle un jeune garçon vient allumer son flambeau. Pontius ou Yor-
sterman a terminé au burin cette dernière planche, et Corneille
Visscher l’a copiée; toutes étaient de la composition du maître. Ces essais,
néanmoins, ne peuvent nous intéresser que faiblement : produits par un
caprice de Rubens, ils n’étaient pas de nature à exercer une vive influence,
à montrer aux chalcographes des routes nouvelles. 11 fallait de grands
ouvrages pour amener ce résultat : plusieurs de ses disciples, qui avaient
d’abord animé la toile, préférèrent bientôt manier le burin, soit qu’un
goût naturel leur imprimât cette direction, soit que le fameux peintre
démêlât les vraies tendances de leur talent et les guidât vers le succès.
Ils travaillèrent sous ses yeux, d’après ses conseils : leur style prit donc
peu à peu toutes les qualités du sien ; ils transportèrent sur le cuivre et
le bois sa fougue, sa richesse de tons, sa vigueur, son audace; ils repro-
duisirent ses belles pages avec une adresse merveilleuse. Une foule d’ar-
tistes suivirent leur méthode, sans avoir étudié près de leur chef, et se
piquèrent d’émulation. Pierre-Paul seul a eu, pour immortaliser ses tra-
vaux, une pareille phalange d’interprètes.
Nous citerons d’abord un des plus habiles, Lucas Vorsterman, le père,
sur lequel nous allons donner pour la première fois quelques renseigne-
ments biographiques. Il vint au monde à Bomrnel, dans la Hollande, en
1578, et non pas à Anvers, comme on l’a toujours imprimé. Sous son
portrait, gravé à l’eau-forte par Van Dyck, très-familier avec le modèle,
se trouvent inscrits ces mots : Lucas Vorsterman, calcographus Anlwer-
piæ, in Geldriâ natus. Ayant appris la peinture chez Rubens, le grand
homme lui conseilla de faire un détour et de suivre une voie latérale. 11
est à croire qu’il dessinait habilement et montrait peu d’aptitude pour la
couleur. De brillants résultats justifièrent l’avis de son maître. Un 1619-
1620, Lucas Vorsterman devint membre de la corporation de Saint-Luc,
et, la même année, reçut un élève nommé Adrien Cas. Le journal le dé-
signe comme étant à la fois marchand d’estampes et graveur. Il obtint
le droit de bourgeoisie à Anvers le 28 août 1620; les registres l’appellent
Lucas Émile Vorsterman, fils d’Émile, et constatent son origine hollan-
1. Tome XVII, page oG.
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