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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Nr. 6
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Galichon, Émile: Paul Mantz, Les chefs-d'œuvre de la peinture italienne: [Rezension]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0567

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CHEFS-D’ŒUVRE DE LA PEINTURE ITALIENNE.

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l’imitèrent ; mais bientôt des disciples trop fidèles aux enseignements du
maître éprouvèrent quelque peine à défendre le drapeau du progrès; ils
commencèrent à se répéter, et comme les Bysantins ils allaient tomber
dans une douce somnolence, lorsqu’un homme doué d’une audace virile
vint subitement les réveiller et imprimer à la peinture un nouvel élan.
Cet homme fut Orcagna, que Ghiberti qualifie de nobilissimo maestro.
C’était en effet un très-noble maître, une nature puissante et riche, un
vrai poète qui d’un trait sobre et expressif sut dire des choses exquises
et rendre des drames terribles. Dans ses œuvres éclatent une austérité
magistrale et une rare volonté, qui parfois l’emportent outre mesure.
Masaccio rectifia heureusement les exagérations du maître qui avait
si fortement remué les disciples de Giotto lorsqu’ils oubliaient les
chants sublimes du Dante pour les gracieux canzoni de Pétrarque. « Les
œuvres de Masaccio se caractérisent par une exécution robuste, par un
coloris qui dans sa gamme un peu brunie est plein de vigueur sévère
Une ardente recherche delà réalité y est partout visible. Il est manifeste
que Masaccio est épris de la vérité, qu’il la cherche dans l’attitude des
personnages, dans l’intimité des physionomies, dans les plis du vête-
ment, et surtout dans l’expression morale qui chez lui est toujours forte
et juste. » Quand cette science et ce goût dont fit preuve Masaccio au-
ront été encore étendus, épurés, raffinés par Paolo Uccello, les Lippi,
Ghirlandajo, Signorelli, Verrocchio,... tout le champ de l’art aura été
remué et ensemencé ; et après trois siècles et demi il n’y aura plus qu’à
recueillir la moisson. Léonard de Vinci, Michel-Ange et Raphaël pour-
ront alors apparaître presque simultanément et montrer à quelle hauteur
le génie humain est susceptible de s’élever dans la représentation des
conceptions intellectuelles par le pinceau.

Ce tableau du développement de l’art florentin a été traité de main de
maître par M. Paul Mantz, et si nous nous y sommes arrêté exclusive-
ment, ce n’est pas seulement par préférence personnelle, mais parce que
mieux que tout autre il met en valeur une grande maxime trop souvent
oubliée :

Tu dois, disait dès le xnr siècle Cennini à son élève, dessiner d’après les
maîtres; mais tu dois bien plus encore et constamment dessiner d’après nature.

Cette maxime éternellement vraie, qui a constamment guidé M. Paul
Mantz dans son travail et qui forme la note dominante de son livre, ne
devrait-elle pas être écrite au-dessus de l’entrée de toutes les écoles
d’art et de toutes les académies ?

ÉMILE GALICHON.
 
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