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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 19.1879

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Nr. 3
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Lechevallier-Chevignard, Edmond: La chapelle des Portinari à Saint-Eustorge de Milan
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https://doi.org/10.11588/diglit.22839#0240

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LA CHAPELLE PORTINARI A MILAN.

229

Italie la croisade si terriblement inaugurée en Languedoc par Louis VIII
et Simon de Montfort, ils trouvèrent dans leur chef Pierre de Vérone,
inquisiteur général pour la Lombardie, le plus infatigable adversaire de
l’hérésie albigeoise. Mais Pierre subit le sort de Castelnau ; le 6 avril 1252
il tombait assassiné avec un de ses compagnons, près de Barlassina, à
mi-chemin entre Côme et Milan. On fit, à ce héros de l’orthodoxie, des
obsèques solennelles, et son corps fut déposé, sous les voûtes de Saint-
Eustorge, dans un sarcophage de modeste apparence.

À dater de cette époque s’ouvre une longue période de prospérité
pour la basilique. Elle garde l’ancien vocable; mais son véritable
patron, celui qu’à certains jours de l’année le peuple vient implorer en
foule, c’est saint Pierre martyr. — La commune de Milan fut la première
à enrichir l’église de ses dons. Son podestat Oldrado Grossi da Tressono1
avait été le principal instrument de l’inquisiteur; la cause des frères de
Saint-Dominique était la sienne; leur cloître fut donc achevé. Puis une
lutte de générosité s’établit entre les deux partis Torriani et Visconti,
qui se disputaient le gouvernement de la cité, jusqu’à ce que ceux-ci
l’ayant définitivement emporté, en 1311, sous Matteo Ier, l’archevêque
Giovanni Visconti, son fils et l’un de ses successeurs au pouvoir, voulut
que le monument du saint ne pût être écrasé par le luxe toujours crois-
sant des sépultures de l’aristocratie milanaise.

Le prélat s’adressa à un étranger, Giovanni Balducci, de Pise. Le style
de ce maître, sa nationalité, sont des indices presque certains qu’il sor-
tait de cette grande école à laquelle l’Italie est redevable de la renais-
sance de la sculpture. 11 est également probable que Balducci, au ser-
vice de Castruccio Castracani, seigneur de Lucques, avait été appelé à
Milan par Azone Visconti, prince ami des arts, grand édificateur de
nobles monuments, et l’une des rares figures sympathiques de cette mai-
son Visconti, en qui se résument tous les crimes et toutes les perfidies

1. On voit encore au milieu de la place des marchands, sur l’une des façades du
palais délia Ragione, maintenant des archives, la figure équestre de l’implacable
podestat. C’ett une sculpture contemporaine sans valeur d’art. Elle porte le millésime
de 1233 et son inscription 'a la louange d’Oldrado Grossi, fondateur du monument, se

termine ainsi : .« Solium struxit et catharos ut debuit uxit. » — Le dernier mot

est incorrect, malheureusement le sens n’en est pas douteux et le fanatisme religieux
se glorifie là de ses œuvres en toute sécurité de conscience.
 
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