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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 19.1879

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Nr. 4
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Lenormant, François: Les antiquités de Mycènes, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.22839#0354

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

faites en Gyprepar le général c!e Cesnola semblent avoir fourni la preuve
définitive de ce que la décoration géométrique a été, à une certaine
époque une importation de l’Asie phénicienne, thèse qui a été récemment
soutenue par M. Helbig et que j’avais énoncée bien auparavant. J’y re-
viendrai dans un autre travail. La décoration florale, au contraire, a été
une tentative indigène et originale, mais grossière et imparfaite, de créer
une ornementation puisée directement aux sources de la nature, em-
pruntée aux plantes et aux animaux que les habitants du littoral de la
Grèce avaient constamment sous leurs yeux. Mais je suis loin d’être
satisfait de l’appellation que le savant conservateur du Musée britannique
y a appliquée. Elle n’exprime qu’un côté des caractères essentiels de
cette ornementation et laisse de côté son aspect le plus spécial, la part
si considérable qui y est faite à l’imitation de certaines classes du règne
animal, qui ne reparaissent pas plus tard parmi les éléments ordinaires
de la décoration des âges classiques, comme, par exemple, les papillons
et, par-dessus tout, les productions marines, poissons, poulpes, annelés,
mollusques copiés non seulement dans leurs coquilles, mais avec les
animaux qui les habitent.

Ici doit trouver place une ingénieuse et féconde observation, faite tout
dernièrement par M. Alessandro Castellani et communiquée par lui à
l’Institut archéologique de Rome. Cet artiste distingué, qui a si profon-
dément étudié la bijouterie antique et a su en faire revivre de nos jours
les procédés et les formes, a découvert que les dispositions typiques des
granulations d’or soudées, qui couvrent les surfaces planes des parures
étrusques et de celles d’ancien style grec, ont été originairement four-
nies par celles des protubérances qu’offre la coquille des oursins, une fois
que les piquants en sont tombés. Dans les vitrines de la salle de la joaillerie
italienne à l’Exposition universelle, M. Castellani avait placé ces coquilles
à côté des copies des granulés étrusques exécutées avec un art exquis
par lui-même et par son frère. La démonstration était complète par ce
rapprochement, et le doute ne demeurait plus possible. Mais ces dispo-
sitions granulées, dont les Etrusques, avec leur fidélité à l’art archaïque,
ont continué à user bien plus tard que les Grecs, nous en trouvons in-
dubitablement les premiers germes — d’une exécution très imparfaite —
sur quelques-uns des objets découverts à Mycènes et à Spata, par
exemple dans la disposition des points repoussés en relief qui remplissent
l’intérieur d’une partie des ornements en forme de bosses circulaires,
bombées comme la coquille de l’oursin. Ainsi nous avons là, jusque dans
les siècles classiques, un legs de la civilisation primitive et du goût
décoratif révélé par ces monuments, un dernier vestige de la période
 
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