Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 22.1880

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Montaiglon, Anatole de: Antiquités et curiosités de la ville de Sens, [1]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22842#0148

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
134 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

de sculpture du vieux jubé, de goût encore roman, à arcades cintrées,
qu'on a retrouvés en démolissant l'horrible jubé à l'antique construit en
1762, en plâtre et en stuc, et qui déshonorait absolument la cathédrale.
Cette muraille massive — on a conservé deux groupes des quatre
figures couchées du couronnement — était l'œuvre de l'Alsacien Joseph
Hermand, méchant architecte, comme Je montrait cette ennuyeuse et
froide construction, et non moins méchant sculpteur, comme le prouve,
dans une des chapelles du chœur, son bas-relief théâtral du martyre de
saint Savinien, agrémenté d'un fond de draperie en rideaux à franges.

La vieille façade du grand portail l'a même échappé belle. 11 y a, dans
la Bibliothèque de Sens, deux dessins, l'un à fronton et l'autre à pilastres,
datés Lud. XVI régnante 1785 et signés Sou/flot le Romain • il était le
neveu de l'architecte du Panthéon et était né à Irancy, près d'Auxerre.
Ce sont des projets de restauration dans le style moderne romain. Le
premier projet, sur lequel on lit l'indication, « en relevant la tour
semblable à l'autre », est moins radical que le second. Celui-là cassait et
changeait tout, et sa note est vraiment énorme : « Supprimant tous les
ornements et saillies gothiques des masses anciennes, pour un ravale-
ment moderne qui conserverait toutes les galeries au même sol et met-
trait les portes latérales au milieu des tours ».

C'est probablement au manque d'argent que nous devons la conser-
vation de la vieille façade, et il est regrettable que M. de Luynes en ait
eu assez pour faire détruire une véritable merveille. C'était à l'autel
Saint-Martin, à gauche de ce vieux jubé, que saint Louis avait été marié;
et nous voyons par ses débris toute sa valeur d'art. Il n'y a pas de
sculpture d'ornement plus ferme et plus serrée, et la pierre jaune, qui a
le grain doux aussi bien que le poids de la pierre lithographique, et sonne
comme du métal, a conservé, avec son poli, la vivacité de ses arêtes et
toutes les délicatesses du ciselet. Ce ne sont que des rinceaux, des
grappes, des feuilles, inspirées de celles du chêne et du lierre, où sont
marquées les nervures que devait faire disparaître la peinture épaisse et
solide, verte, rouge et bleue, dont on voit encore de nombreuses traces;
mais l'exécution en est étonnante, avec ses repercements et ses détache-
ments hardis et sans tenons. Dans l'un des morceaux, il y a même des
parties sculptées à part et qui s'emboîtent de la façon la plus précise et
la plus solide. C'était un véritable chef-d'œuvre de sculpture, dont on
citerait peu d'équivalents.

11 y aurait injustice à trouver grossières, en comparaison, les quatre
figures de cariatides posées sur des bêtes et portant des colonnettes
qu'on voit à côté. Outre leur état de dégradation, qui a forcé de les
 
Annotationen