LES ARTISTES BELGES
JOSEPH STEVENS
Voici une belle lettre de peintre :
« Je suis bien heureux et bien fier tout à la fois, mon
cher et bon Joseph, d'apprendre par notre cher Arthur que
tu viens d'être nommé membre d'honneur de l'Académie de
Vienne.
« Chaque fois que tu reçois une nouvelle distinction,
chaque fois que l'on rend justice à, ton talent, mon cœur
de peintre et de frère s'en réjouit plus que si cette
^^terri •. .. distinction m'était accordée.
« Je te l'ai dit souvent : la plupart de tes ta-
bleaux resteront. Que la note que tu apportes dans cet art — comme genre — soit
plus ou moins élevée, qu'importe! Dans l'art de la peinture, le genre compte peu si
l'homme ne se montre pas dans l'œuvre.
« Tu es, depuis plusieurs siècles, le seul peintre vraiment flamand.
« Leys n'a vécu que de vieux souvenirs des anciens peintres flamands, jamais ému
par son temps. Madou de même.
« La nouvelle génération belge, si elle produit quelques peintres, elle le devra à
l'art français.
« Moi-même [je le dis bien bas), je suis aujourd'hui plus Parisien que Bruxellois.
« Bruxelles le matin » est le seul vrai tableau flamand et le seul, par conséquent,
qui soit apparenté à cette grande et belle ancienne École flamande.
« Ton art, dans ses plus belles pages, a l'air d'avoir ignoré la vapeur. Il vit de lui-
même et dans son coin. J'en suis fier et je t'en félicite, car ton nom restera. Que de
peintres, ayant fait plus d'efforts que toi, ne peuvent en dire autant!
« Au moment où j'apprenais la nouvelle distinction, je recevais de mon côté ma
omination de membre correspondant de l'Académie de Madrid. Voilà une nouvelle
JOSEPH STEVENS
Voici une belle lettre de peintre :
« Je suis bien heureux et bien fier tout à la fois, mon
cher et bon Joseph, d'apprendre par notre cher Arthur que
tu viens d'être nommé membre d'honneur de l'Académie de
Vienne.
« Chaque fois que tu reçois une nouvelle distinction,
chaque fois que l'on rend justice à, ton talent, mon cœur
de peintre et de frère s'en réjouit plus que si cette
^^terri •. .. distinction m'était accordée.
« Je te l'ai dit souvent : la plupart de tes ta-
bleaux resteront. Que la note que tu apportes dans cet art — comme genre — soit
plus ou moins élevée, qu'importe! Dans l'art de la peinture, le genre compte peu si
l'homme ne se montre pas dans l'œuvre.
« Tu es, depuis plusieurs siècles, le seul peintre vraiment flamand.
« Leys n'a vécu que de vieux souvenirs des anciens peintres flamands, jamais ému
par son temps. Madou de même.
« La nouvelle génération belge, si elle produit quelques peintres, elle le devra à
l'art français.
« Moi-même [je le dis bien bas), je suis aujourd'hui plus Parisien que Bruxellois.
« Bruxelles le matin » est le seul vrai tableau flamand et le seul, par conséquent,
qui soit apparenté à cette grande et belle ancienne École flamande.
« Ton art, dans ses plus belles pages, a l'air d'avoir ignoré la vapeur. Il vit de lui-
même et dans son coin. J'en suis fier et je t'en félicite, car ton nom restera. Que de
peintres, ayant fait plus d'efforts que toi, ne peuvent en dire autant!
« Au moment où j'apprenais la nouvelle distinction, je recevais de mon côté ma
omination de membre correspondant de l'Académie de Madrid. Voilà une nouvelle