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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 22.1880

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Nr. 2
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Montaiglon, Anatole de: Antiquités et curiosités de la ville de Sens, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22842#0150

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136 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ait, par son exécution, comme alourdi les défauts du maître au lieu de
les allégir.

Un grand retable en pierre, qui représente la Passion en deux rangées
de cinq sujets, séparés par les statuettes des douze Apôtres, — le sujet
du milieu du haut forme pyramide et comme le centre d'un triptyque, —
est autrement fin et d'un meilleur goût. Il était dans la chapelle Saint-
Eutrope et porte, avec la date 1531, les lettres R. F., initiales des cha-
noines Richer et Frittard qui l'avaient fait décorer. Richer, mort le 1er fé-
vrier 1535, était enterré dans le bas côté en face de la chapelle.

C'est encore au chanoine Frittard qu'on devait la belle suite des seize
grands pinacles de pierre et des culs-de-lampe qui ornaient les colonnes
du chœur et qui dateraient de 1534. Nous en donnons un, pour donner
l'idée de leur style et de leur richesse; mais, il faudrait les dessiner tous,
pour montrer la variété et le caprice de leur invention. Ce sont, plus
que des clochetons et même des flèches, de vraies lanternes à jour, aussi
compliquées et composées que la lanterne qui couronne l'escalier du châ-
teau de Chambord. Le goût, malgré quelques rappels de lacis flam-
boyants, est du reste bien contemporain de celui du château de Fran-
çois Ier, et l'on ne saurait trop admirer l'élégance ingénieuse de ces
pyramides de tourelles étagées, avec leurs cages d'escalier, leurs contre-
forts équilibrés, leurs galeries circulaires, leurs pinacles fleuronnés, leurs
balustrades en arcature, leurs rondes d'enfants et toute leur dentelure
ajourée, où la pierre s'est laissé manier comme le bois par le huchier.
Si elles ont un défaut clans leur richesse, c'est de se sentir de la menui-
serie ; certaines de leurs colonnettes sont des quilles de bois, et leurs
contrecourbes paraissent moins taillées que pliées. On a dit, bien à tort
(Congrès de 1847, p. 197), que les culs-de-lampe étaient d'un autre
temps et étaient dus à M. d'Hesselin, Doyen du Chapitre, mort en 1772.
11 suffit de regarder ces culs-de-lampe, dont deux sont des anges vêtus,
cinq des angelots, et le reste des ornements ou des chapiteaux, pour
voir qu'ils sont absolument du même temps, c'est-à-dire de la Renais-
sance. S'ils ont conservé une masse plus solide et plus pleine que les
pinacles, c'est qu'ils servaient à soutenir, en encorbellement, le poids des
grandes statues d'apôtres, tandis que les pinacles ne portaient rien. Leur
goût et leur époque sont incontestables, et l'on ne comprend pas qu'on
ait pu. même un instant, les attribuer au xvnie siècle.

En même temps il faut dire qu'elles étaient, de nos jours encore, à
leur place, d'où on les a arrachées pour la plus grande gloire de l'unité
de style. On aurait dû les y laisser, comme on aurait dû ne pas abattre
les chapelles de la nef, ce qui a mis aussi en débris clans le magasin le
 
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