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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
faisait paraître, dans le Journal des Sciences militaires, une série d'ar-
ticles intitulés : De Vétude de là géographie et de la topographie dans
l'armée; la Fortification passagère dans les guerres actuelles, et un Mot
sur les guerres de montagne. Tous les visiteurs des châteaux de Pierre-
fonds et de Goucy, et de la cité de Carcassonne, ont lu les notices histo-
riques et descriptives qu'il a rédigées sur ces trois spécimens d'archi-
tecture militaire1, et où il raisonne les systèmes de défense employés au
moyen âge avec l'autorité et la compétence d'un soldat de cette époque.
VHistoire d'un Hôtel de ville et d'une Cathédrale fait suite ou du
moins est intimement liée à celle d'une Forteresse. Cette fois, c'est le
citoyen généreux qui vient compléter le bon patriote2.
Là, comme dans Y Histoire d'une Forteresse, Viollet-le-Duc suit le
développement naturel de faits historiques, en colorant le récit d'épisodes
émouvants, de scènes romanesques qui en rendent la lecture encore plus
attrayante. En résumé, ce travail historique est d'une grande portée phi-
losophique, et se distingue, comme du reste la plupart des œuvres du
maître, par l'expression d'un sentiment poétique qui ne nuit en rien à
la justesse de vue ni à la sagesse du raisonnement.
Le dernier livre de Viollet-le-Duc et, à notre avis, celui d'où l'idée
générale de son œuvre se dégage le plus en traits vigoureux, c'est Y His-
toire d'un Dessinateur. Là, l'esprit d'observation et d'analyse, appliqué
à toutes les matières de l'enseignement donné à la jeunesse, lui fait
découvrir une nouvelle manière de tout apprendre, d'acquérir sur tout
des connaissances à la fois utiles et divertissantes. C'est en même temps
\. Description et histoire du château de Pierre fondu. Brochure in-8° (vignettes
sur bois). Description du château de Coucy (idem); La Cité de Carcassonne {Aude)
(idem).
2. « A quoi servirait l'histoire, si elle n'était un enseignement?
« Et cependant, si l'on tient compte des mœurs et du temps, les mêmes fautes, les
mêmes excès, les mêmes moyens d'action et de réaction se présentent sans cesse. Ce
serait à désespérer du progrès, chez les peuples qui passent pour civilisés, si, en con-
sidérant les choses avec attention, on ne découvrait, à travers ces événements qui se
reproduisent périodiquement, sous une forme identique, un fait constant, une pensée
dominante : le rétablissement de l'équilibre rompu, par le travail persistant des popu-
lations.
« La décadence ne commence réellement, pour une nation, que quand elle cesse de
considérer le travail comme l'élément vital, et toutes les ruines sont bien vite réparées
quand un peuple se remet courageusement à l'œuvre, après une catastrophe. » (His-
toire d'un Hôtel de ville et d'une Cathédrale, p. 272.)
« L'amour du pays est en raison de la connaissance de son histoire, et, si l'on
veut faire pénétrer cet amour dans les esprits, il faut que cette histoire devienne fami-
lière à tous. » (tbid., p. 277.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
faisait paraître, dans le Journal des Sciences militaires, une série d'ar-
ticles intitulés : De Vétude de là géographie et de la topographie dans
l'armée; la Fortification passagère dans les guerres actuelles, et un Mot
sur les guerres de montagne. Tous les visiteurs des châteaux de Pierre-
fonds et de Goucy, et de la cité de Carcassonne, ont lu les notices histo-
riques et descriptives qu'il a rédigées sur ces trois spécimens d'archi-
tecture militaire1, et où il raisonne les systèmes de défense employés au
moyen âge avec l'autorité et la compétence d'un soldat de cette époque.
VHistoire d'un Hôtel de ville et d'une Cathédrale fait suite ou du
moins est intimement liée à celle d'une Forteresse. Cette fois, c'est le
citoyen généreux qui vient compléter le bon patriote2.
Là, comme dans Y Histoire d'une Forteresse, Viollet-le-Duc suit le
développement naturel de faits historiques, en colorant le récit d'épisodes
émouvants, de scènes romanesques qui en rendent la lecture encore plus
attrayante. En résumé, ce travail historique est d'une grande portée phi-
losophique, et se distingue, comme du reste la plupart des œuvres du
maître, par l'expression d'un sentiment poétique qui ne nuit en rien à
la justesse de vue ni à la sagesse du raisonnement.
Le dernier livre de Viollet-le-Duc et, à notre avis, celui d'où l'idée
générale de son œuvre se dégage le plus en traits vigoureux, c'est Y His-
toire d'un Dessinateur. Là, l'esprit d'observation et d'analyse, appliqué
à toutes les matières de l'enseignement donné à la jeunesse, lui fait
découvrir une nouvelle manière de tout apprendre, d'acquérir sur tout
des connaissances à la fois utiles et divertissantes. C'est en même temps
\. Description et histoire du château de Pierre fondu. Brochure in-8° (vignettes
sur bois). Description du château de Coucy (idem); La Cité de Carcassonne {Aude)
(idem).
2. « A quoi servirait l'histoire, si elle n'était un enseignement?
« Et cependant, si l'on tient compte des mœurs et du temps, les mêmes fautes, les
mêmes excès, les mêmes moyens d'action et de réaction se présentent sans cesse. Ce
serait à désespérer du progrès, chez les peuples qui passent pour civilisés, si, en con-
sidérant les choses avec attention, on ne découvrait, à travers ces événements qui se
reproduisent périodiquement, sous une forme identique, un fait constant, une pensée
dominante : le rétablissement de l'équilibre rompu, par le travail persistant des popu-
lations.
« La décadence ne commence réellement, pour une nation, que quand elle cesse de
considérer le travail comme l'élément vital, et toutes les ruines sont bien vite réparées
quand un peuple se remet courageusement à l'œuvre, après une catastrophe. » (His-
toire d'un Hôtel de ville et d'une Cathédrale, p. 272.)
« L'amour du pays est en raison de la connaissance de son histoire, et, si l'on
veut faire pénétrer cet amour dans les esprits, il faut que cette histoire devienne fami-
lière à tous. » (tbid., p. 277.)