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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 22.1880

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Nr. 3
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Montaiglon, Anatole de: Antiquités et curiosités de la ville de Sens, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22842#0262

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2U GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

les bases n'ont que 0m,650 et les chapiteaux 0m,350, tandis que les fûts,
d'une seule pièce, tout à fait droits et d'un diamètre de 0m,300, ont
exactement quatre mètres de hauteur. On voit la hardiesse de leur élan-
cement et de leur jet ; leur teinte et la rigidité de leur minceur, au lieu
de l'effet du marbre, donnent celui du métal et du bronze. En les relevant
par la pensée, en les couvrant de l'étonnante lame qu'ils ont supportée
sans se briser, on voit combien l'effet de ce tombeau devait être puissant
et inattendu.

La statue de Jean de Salazar, agenouillée sur un coussin, et dont le
marbre est d'une blancheur admirable qui devait faire le plus beau con-
traste avec la noirceur du monument qui lui servait de piédestal, est
dans le plus triste état de dégradation. La tête a disparu, et toute la
surface du marbre a été rongée, pendant de longues années, par l'eau
d'une gargouille sous la tombée de laquelle on l'avait abandonnée. Elle
est, comme il convenait à son élévation, plus grande que nature, ayant
encore, avec le coussin et la plinthe, lm,350, sans la tête, et l'on voit
qu'elle devait être fort belle. Elle était en grande armure, sous une cotte
écartelée aux armes; l'épée est très large, et il faut remarquer que,
sous le soleret, il n'y a pas de semelle, mais deux barres plates, pour
permettre au pied de s'établir solidement comme sur un étrier.

Pour en revenir à ce qu'il faut appeler l'édifice, qui est le grand inté-
rêt de ces beaux restes, une remarque est nécessaire. Le marbre noir de
Dînant a été si usité en France, pour les tombeaux, que celui-ci doit en
venir, mais il y a plus. Je serais volontiers d'avis que toute la partie
architecturale a été exécutée en Belgique. Le goût des moulures des
bases et des chapiteaux sent absolument la Flandre, et l'on en rencontre
d'analogues aussi bien dans l'architecture de ses hôtels de ville que
sur les panneaux et les triptyques de ses peintres. Pour les matériaux
durs et très lourds, comme le marbre de Dinant ou la pierre bleue de
Belgique, il y a deux raisons à les tailler et à les sculpter complète-
ment sur place et à les envoyer terminés, sans danger d'épaufrure,
à cause de la dureté de la matière ; on n'a ainsi à transporter que le
moindre poids possible , et le travail est plus facile à la carrière au mo-
ment de l'extraction, qui se fait sur les dimensions données. C'est, l'usage
actuel ; il n'en devait pas être autrement au moyen âge, et les rares
moulures ornées des colonnes doivent faire croire qu'elles ont été
sculptées à Dinant et ont été envoyées toutes faites. Cela n'emporterait
pas que le thème et le patron soient flamands au même titre. Par son
parti tout spécial, par le rapport absolu avec les dimensions en hauteur
et en largeur non seulement de l'entre-colonnement, mais même du vide
 
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