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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 22.1880

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Nr. 6
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Lafenestre, Georges: Le château de Chantilly et ses collections, 2: une demeure seigneuriale au XIXe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22842#0533

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LE CHATEAU DE CHANTILLY ET SES COLLECTIONS.

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les physionomies, je ne sais quelle tendresse affable et quelle bienveil-
lance candide qui annoncent déjà et préparent Memling.

Auquel des élèves de Van Eyck attribuer le troisième chef-d'œuvre,
ce Portrait du Bâtard de Bourgogne, qui vient de la galerie du duc de
Sutherland? Faut-il y voir la main de Roger Van der Weyden ou celle
d'Antonello de Messine? La question est épineuse. Nous pencherions
volontiers pour le second nom, mais nous laissons la décision à de
plus érudits. Ce qui n'est point douteux, c'est la qualité supérieure de
l'œuvre, c'est sa date, c'est sa provenance. Bien que le visage soit traité
avec une largeur grasse et onctueuse de modelé où l'on pourrait voir
une main italienne, la décision générale du dessin, la vivacité scrupu-
leuse des détails, la facture rigoureuse du morceau accusent hardiment
le génie flamand ou son influence. Par l'âge du portrait, nous avons la
date du tableau. Antoine, le grand bâtard, le second des dix-neuf
bâtards reconnus de Philippe le Bon, était né en 1421. C'était le fils d'une
Jehannette de Presles, que le duc maria en 1432 à son huissier d'armes,
Hennequin de Fretin1. On connaît deux médailles frappées en son hon-
neur, l'une de provenance française, l'autre de provenance italienne,
que MM. Friedlander et Armand attribuent à Guaccialotti2. Sur cette der-
nière, Antoine est plus âgé, de figure plus épaisse que dans le tableau de
Chantilly, où il se présente avec le visage long, les traits vifs, l'œil pétil-
lant d'un vrai fils de Bourgogne. L'emblème et la devise qu'on trouve
peints au revers de notre panneau dans un état de conservation admi-
rable ont été sur la médaille altérés d'une façon grossière. La « hotte » de
guerre, sorte d'auvent mobile en bois et en fer, protégeant une embra-
sure par laquelle on jetait sur les assiégeants des matières enflammées,
s'est renversée et s'est changée en un pot à feu posé à terre. La devise
hautaine N \ L NE SI FROTE a été traduite en baragouin NVLl. NE. SI.
FROTA. Sur le tableau, Antoine, vif et jeune, le teint basané, crânement
coiffé d'un haut feutre noir penché sur l'oreille droite, ses longs cheveux
couvrant son front et ses oreilles, entièrement rasé, la main gauche
pliée et posée énergiquement sur le bord du cadre , portant sur son
pourpoint noir la Toison d'or, a tout l'aspect d'un homme de 25 à
30 ans. La peinture a donc été faite entre 1/|45 et 1450. A cette époque
Antonello n'était-il pas encore dans les Flandres?

De pareils chefs-d'œuvre rendent difficile. Cependant Van Dyck va
nous arrêter au passage. Il a quatre portraits importants à Chantilly,

1. L. de Laborde, Les Ducs de Bourgogne; Preuves, t. Ier, p. 266, 304.

2. Alph. Armand, Les Médailleurs italiens des xve et xvie siècles.

XXII. — 2e PÉRIODE. 63
 
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