Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 24.1881

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Clément de Ris, Louis: Notes sur les musées de Marseille et de Lyon
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22844#0101

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
92

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

on a pu y faire entrer un certain nombre de toiles placées précédemment au château
Borely, devenu exclusivement une collection archéologique. Le musée occupe, à gauche
de la colonnade, un avant-corps répété à droite par le Muséum d’histoire naturelle. Il
est situé au premier étage, où l’on accède par un escalier à double rampe débouchant
sur un vestibule dont la voûte retombe sur des colonnes. Ce vestibule ouvre sur une
salle centrale accostée de deux salles plus petites. Les murs latéraux de l’escalier sont
décorés des deux peintures de M. Puvis de Chavannes exposées au Salon de 1863 et
traitées dans cette gamme sobre et claire qui s’harmonise si bien avec la blancheur de
la pierre. A gauche, Marseille, colonie grecque, composition des plus remarquables,
d’un style très élevé, d’un caractère mâle et fier, et comme baignée dans la lumière
de l’Attique; la meilleure de l’artiste avant ses tableaux de Sainte Geneviève. Adroite,
Marseille, porte de l’Orient, inférieure à mon sens à la première, mais suffisante
encore pour classer un artiste parmi les plus originaux et les plus élevés de son
temps.

Le médiocre livret de 1851 est remplacé depuis 1877 par un nouveau catalogue1
dû aux recherches et au savoir du conservateur actuel, M. Bouillon-Landais. Il con-
tient 415 numéros pour la peinture et 48 pour la sculpture. Je n’ai pas besoin de dire
qu’il n’a pas eu de peine a faire oublier l’ancien, et qu’il justifie ce que l’on est en
droit d’attendre d’un administrateur érudit, consciencieux et prenant ses fonctions au
sérieux.

Une fois entré, j'ai couru de suite à la merveille du musée, au tableau du Pérugin,
La Famille de la Vierge. Les détériorations signalées en 1854, en 1858, en 1866,
n’ont fait que s’accroître. Les six panneaux sur lesquels il est peint sont complètement
disjoints et l’air qui pénètre par leurs fissures active rapidement la formation des
écailles de la peinture. Les progrès du mal ont doublé depuis dix ans. Il est temps d’y
remédier. Si l’on atermoie encore, l’on n’aura plus à réparer que des ruines. L’admi-
nistration municipale ne peut rester sourde plus longtemps aux prières des amis des
arts. La Gazelle a donné jadis une gravure sur bois de ce tableau à la suite de l’ar-
ticle de M. Léon Lagrange sur Ie, Musée de Marseille2. Il mériterait les honneurs d’une
reproduction au burin.

En revoyant la Chasse au sanglier, mes doutes se sont accentués relativement à
l’attribution de ce tableau. Les animaux sont de Sneyders, le paysage de Wildens, et
je doute fort que les figures puissent être attribuées à Rubens. M. Lagrange hésitait
également à y reconnaître la main du peintre d’Anvers. J’y verrais plutôt celle de
Jordaens. Cette collaboration constitue au reste un ensemble dont personne ne con-
testera le mérite.

La Tête de femme est le portrait de la seconde femme de Rubens, Hélène For-
mann. Elle a quitté le château Borely en 1869. Esquisse rapide, vivante, lumineuse,
pleine d’accent, enlevée en quelques heures par une main très habile. Est-ce celle de
Rubens lui-même? Je le crois sans oser l’affirmer. Le catalogue de 1877 hésite égale-
ment et fait suivre la désignation de ce portrait delà prudente réserve (Attribué à...).
Il a raison. Mais ce n’en est pas moins une charmante chose.

Voici un délicieux tableautin qui m’avait échappé lors de mes précédentes visites
et qui offre une énigme à déchiffrer par de plus compétents. C’est une petite toile de
0"',37 de hauteur sur 0m,34- de largeur. Le catalogue l’intitule Scène de cabaret.

1. Catalogue clés objets d’art du Musée de Marseille. Marseille, Marius Olive, 1877, 1 vol. in-8.

2. Octobre 1859, p. 21.
 
Annotationen