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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 24.1881

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Nr. 1
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Clément de Ris, Louis: Notes sur les musées de Marseille et de Lyon
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https://doi.org/10.11588/diglit.22844#0102

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NOTES SUR LES MUSÉES DE MARSEILLE ET DE LYON.

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Elle a été léguée par M. Gras en 1858. Au centre, une belle commère aux chairs
fraîches et rebondies, est assise devant une table chargée des débris d’une collation
et porte gaiement un verre à ses lèvres. Elle est vue jusqu’aux genoux. La coif-
fure, des plus originales, consiste en une espèce de mitre blanche à ornements rouge
et or. Caraco blanc bordé d’une large bande rouge, jupon bleu. Le sein droit est décou-
vert. De l’autre côté de la table, à droite, un cavalier assis, vu par derrière, joue du
violon. Entre les deux personnages, une espèce de soudard, à visage patibulaire, met
familièrement la main sur l’épaule droite de la belle gouge. Dans le fond gris-brun de
l’appartement s’estompe la figure d’un troisième escogriffe. L’exécution est ferme, pré-
cise, très habile, mais sans charme; un peu dure; le modelé remarquablement accen-
tués. La couleur, des plus habilement distribuée pour mettre la femme en relief, a
poussé au noir. Le tableau est craquelé, mais de bonnes craquelures; intact du reste.
Il aurait besoin d’ètre légèrement déverni. A cette description, il est facile de recon-
naître une œuvre de l’école hollandaise vers 1650. Les peintres d’alors nous ont habi-
tué à ces scènes un peu vives. Mais à qui l’attribuer? Voilà où les difficultés commen-
cent et où je me récuse absolument. C’est une scène risquée, à la Jean Steen, mais
exécutée d’une main autrement ferme; un mélange de la manière d’Adriaan Ostade et

d’Adriaan Brauwer. On lit distinctement la signature : Simon de F. Qu’est-ce que

ce Simon de F.? J’ai recueilli tous mes souvenirs, j’ai consulté toutes les biogra-

phies d’artistes hollandais, tous les catalogues des musées du nord de l’Europe, si
riches en œuvres de l’École hollandaise, je n’ai rien trouvé de concordant à cette
signature. L’artiste auquel la Scène de cabaret pourrait être le plus légitimement
attribuée est Nicolas Maes; mais la signature est l'a qui s’oppose à celte attribution.
Bref, je ne puis proposer aucun nom et me vois contraint de laisser protester la lettre
de change que le catalogue de 1877 tire très obligeamment sur mon opinion. Peut-être
un des lecteurs de la Gazette y fera-t-il plus d’honneur que moi.

J’ai encore à signaler un Paysage de Conrad Decker, signé C. Decker, et un
autre Paysage de Yan Goyen, légué par M. Gras en 1858. 11 représente une vue très
étendue. Au premier plan, à droite, un moulin à vent; à l’horizon, la silhouette d’une
ville. Ciel fin et léger, exécution très fine, parfaite conservation. Œuvre remarquable
qui a le tort, comme la plupart de ses œuvres, d’être trop traitée en camaïeu. Elle est
signée : J. Van Goïen 1641.

Karel Dujardin. Étude d’homme nu, à mi-corps, de profil à gauche. Excellent por-
trait, attribution juste. Provient du château Borely.

Je me suis arrêté devant un portrait de Ribera signé tout au long : Jusepe de
Ribera Espanolelto. C’est un homme vêtu d’un costume de pèlerin noir, vu de face,
de grandeur naturelle, à mi-corps. La main gauche s’appuie sur un livre. Très bon
portrait. Il me semble avoir vu, il y a vingt ans, à l’ayuntamiento de San Felipe de
Xaliva, le portrait d’un corrégidor qui avait fait le pèlerinage de Saint-Jacques de
Compostelle identique à celui-ci. Mais voilà vingt ans de cela, et il faudrait être
bien présomptueux pour prétendre se rappeler la physionomie d'un corrégidor peinte
par Ribera. S’il s’agissait d’un Velasquez, la chose serait à toute force possible. Ah! si
j’avais le temps, comme je retournerais voir tout cela!

Dans l’École française, en suivant l’ordre chronologique, j’ai retrouvé le Portrait
de Finsonius par lui-même, de ce fameux Finsonius dont le nom a eu l’honneur
d’ètre prononcé en pleine tribune française (séance du 22 novembre 1848). Ce portrait,
je l’ai vu pendant bien longlemps occuper la place d’honneur dans le Salon de M. de
 
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