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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 1
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Mantz, Paul: Watteau, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0029

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20

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

mais elles devaient avoir le même caractère. A propos de son tableau,
le Triomphe d'Arlequin dieu Pan, gravé en manière noire par Jean
Sarrabat, Mariette déclare que cette composition marque, dans l’his-
toire, la naissance d’un style, et que l’œuvre a été le point de départ
de beaucoup d’autres et même de certaines inventions de Watteau.

Dans l’éloge qu’il a mis en tète des Figures de différents caractères,
Julienne écrit : « Gillot ayant vu quelques dessins et tableaux de la
main de Watteau qui lui plurent, l’invita à venir demeurer avec lui. »
Si le fait est exact, il est tout à l’honneur de Gillot, dont l’âme s’ouvrit
sans doute à la pitié en voyant ce jeune homme sans travail et un peu
errant dans Paris. Il serait intéressant de préciser la date de cette
liaison. Caylus, d’accord avec Julienne, la fait remonter « vers le
temps où Gillot fut agréé à l’Académie ». Or, Gillot n’a été agréé que
le 26 juillet 1710 h II est vraisemblable que les deux biographes, au
lieu de recourir aux registres, ont cité de mémoire, car la rencontre
de Watteau et de Gillot doit être antérieure à cette date. Dans tous
les cas, leur camaraderie ne fut pas de longue durée. Ils s’entendaient
sans doute sur l’idéal, mais leur caprice n’était pas toujours d’accord.
Des froissements s’étant produits entre eux, les deux artistes se
brouillèrent. « Ils se quittèrent mal, dit Caylus, et toute la recon-
noissance que Watteau ait pu témoigner à son maître pendant le reste
de sa vie s’est bornée à un profond silence. Il n’aimoit pas même qu’on
lui demandât des détails sur leur liaison et sur leur rupture, car,
pour ses ouvrages, il les vantoit et ne laissoit point ignorer les obli-
gations qu’il lui avoit. » En parlant ainsi de Gillot, Watteau ne faisait
que son devoir, puisque, comme l’a dit Gersaint, c’est chez lui « qu’il
se débrouilla totalement ». Plus tard les deux compagnons se retrou-
vèrent à l'Académie : on sait d’ailleurs que le maître survécut à
l’élève, Gillot n’étant mort que le 7 mai 1722.

En quittant Gillot, Watteau dut se mettre en quête d’un nouveau
patron et d’un nouveau logis. Il trouva un bienveillant accueil chez
Claude Audran qui demeurait au Luxembourg en qualité de concierge.
Ce mot n’a rien qui doive inquiéter le lecteur. Dans le langage du
temps, le concierge n’est nullement un suisse chargé d’ouvrir et de
fermer les portes; mais un fonctionnaire, une sorte de conservateur
des bâtiments, quia la haute surveillance d’un palais. Ainsi que le dit
Caylus, Audran était essentiellement un galant homme. De plus, il
était peintre et, comme décorateur, il occupait dans l’estime publique

L Procès-verbaux de l’Académie royale de peinture, t. IV, p. 109.
 
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