BIBLIOGRAPHIE.
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Bien rarement, dit-il, il existe un lien entre les mots successifs, celui
d'expressions synonymes, par exemple, dans les quatrièmes colonnes des plan-
ches 73 et 84. Il ne découvre de raison pour ses listes que dans les planches 20,
21, 22 et en partie dans la planche 19. Ici, Léonard a ajouté une brève définition
ou une expression synonyme. En outre, dans ces quatre planches, les mots forment
des groupes commençant par la même lettre, groupes qui se suivent dans l’ordre
alphabétique de A à V, mais commençant à rebours, à la planche 22, et finissant
à la planche 19, sauf pour la lettre L, intercalée entre le F et le G.
M. Beltrami termine ces observations par le souhait que quelque studioso di
Leonardo réussisse à expliquer la signification de ces listes bizarres de mots du
Codice Trivulziano.
Que l’on nous permette donc de tenter ici la solution du problème Et d'abord,
nous croyons que M. Govi voyait juste quand il supposait que c’est pendant la
lecture que Léonard formait ses listes en notant les termes qui le frappaient
comme pouvant concourir au but qu’il se proposait. Il nous semble que les mots,
planche 53, sont écrits pendant la lecture d’un livre religieux; ceux de la
planche 76, pendant celle d’un livre où il était question de fleuves endigués
arginati fiumi, car les deux mots successifs s’accordent. 11 lisait de choses mili-
taires, planche 79; de questions atmosphériques et de géographie, planche 77;
peut-être la description du siège d’une ville, planche 94.
Dans ces listes, qui, à première vue, semblent faites au hasard, on rencontre
bientôt des groupes de mots plus ou moins nombreux dont la succession est
nettement voulue. Outre ceux déjà signalés par M. Beltrami, comme syno-
nymes, on rencontre fréquemment deux mots successifs dont le second désigne
une chose ou une notion contraire à celle du premier mot.
Si l'on réunit par une accolade, au crayon, tous les mots qui sont reliés entre
eux par ces deux seuls liens évidents, on verra, à la fin d’une première lecture,
que le nombre de ces accolades est considérable et pourra être de dix, vingt et
même trente par page.
Une seconde lecture de ces listes interminables établira de nouvelles relations
entre certaines suites de mots qui nous éclaireront sur plusieurs autres côtés de
la recherche que poursuivait Léonard.
Et d’abord ce ne sera pas uniquement par deux mots successifs que Léonard
marquera deux idées contraires. Parfois ce sera par deux séries de mots plus ou
moins synonymes faisant suile l’un à l’autre. Il accentue ainsi de la façon la plus
évidente son intention d’examiner toutes les nuances de deux idées, notions ou faits
de nature contraire1.
Ailleurs, ce sera une suite de substantifs avec une série d'adjectifs ou de verbes
qui marquent les effets produits par ces substantifs et en expliquent mieux le sens2.
1. PI. 84. Partorire, creare, nasciere, concepire, concettione — gierminare — figli,
ficare — polulare — giermugliare — et pl. 83, addiacciare, rafredare, sehaldare, intiepi-
dire, congielare. Pl. 73, gielare, rafredare, inciendere. Pl. 34, gientilita — gientileza —
vulgare.
2. Pl. 94. Melodia, sinfonia, armonizante, résonante, chonsonantia, dolcitudine.
Pl. 86. Fantasticare, speculare, immaginatione, consideratione, investigazione, contem-
plazione. Pl. 92. Irachundia, terribilita — ferocita et spaventevole, paventosa, orribile,
ininacciante.
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Bien rarement, dit-il, il existe un lien entre les mots successifs, celui
d'expressions synonymes, par exemple, dans les quatrièmes colonnes des plan-
ches 73 et 84. Il ne découvre de raison pour ses listes que dans les planches 20,
21, 22 et en partie dans la planche 19. Ici, Léonard a ajouté une brève définition
ou une expression synonyme. En outre, dans ces quatre planches, les mots forment
des groupes commençant par la même lettre, groupes qui se suivent dans l’ordre
alphabétique de A à V, mais commençant à rebours, à la planche 22, et finissant
à la planche 19, sauf pour la lettre L, intercalée entre le F et le G.
M. Beltrami termine ces observations par le souhait que quelque studioso di
Leonardo réussisse à expliquer la signification de ces listes bizarres de mots du
Codice Trivulziano.
Que l’on nous permette donc de tenter ici la solution du problème Et d'abord,
nous croyons que M. Govi voyait juste quand il supposait que c’est pendant la
lecture que Léonard formait ses listes en notant les termes qui le frappaient
comme pouvant concourir au but qu’il se proposait. Il nous semble que les mots,
planche 53, sont écrits pendant la lecture d’un livre religieux; ceux de la
planche 76, pendant celle d’un livre où il était question de fleuves endigués
arginati fiumi, car les deux mots successifs s’accordent. 11 lisait de choses mili-
taires, planche 79; de questions atmosphériques et de géographie, planche 77;
peut-être la description du siège d’une ville, planche 94.
Dans ces listes, qui, à première vue, semblent faites au hasard, on rencontre
bientôt des groupes de mots plus ou moins nombreux dont la succession est
nettement voulue. Outre ceux déjà signalés par M. Beltrami, comme syno-
nymes, on rencontre fréquemment deux mots successifs dont le second désigne
une chose ou une notion contraire à celle du premier mot.
Si l'on réunit par une accolade, au crayon, tous les mots qui sont reliés entre
eux par ces deux seuls liens évidents, on verra, à la fin d’une première lecture,
que le nombre de ces accolades est considérable et pourra être de dix, vingt et
même trente par page.
Une seconde lecture de ces listes interminables établira de nouvelles relations
entre certaines suites de mots qui nous éclaireront sur plusieurs autres côtés de
la recherche que poursuivait Léonard.
Et d’abord ce ne sera pas uniquement par deux mots successifs que Léonard
marquera deux idées contraires. Parfois ce sera par deux séries de mots plus ou
moins synonymes faisant suile l’un à l’autre. Il accentue ainsi de la façon la plus
évidente son intention d’examiner toutes les nuances de deux idées, notions ou faits
de nature contraire1.
Ailleurs, ce sera une suite de substantifs avec une série d'adjectifs ou de verbes
qui marquent les effets produits par ces substantifs et en expliquent mieux le sens2.
1. PI. 84. Partorire, creare, nasciere, concepire, concettione — gierminare — figli,
ficare — polulare — giermugliare — et pl. 83, addiacciare, rafredare, sehaldare, intiepi-
dire, congielare. Pl. 73, gielare, rafredare, inciendere. Pl. 34, gientilita — gientileza —
vulgare.
2. Pl. 94. Melodia, sinfonia, armonizante, résonante, chonsonantia, dolcitudine.
Pl. 86. Fantasticare, speculare, immaginatione, consideratione, investigazione, contem-
plazione. Pl. 92. Irachundia, terribilita — ferocita et spaventevole, paventosa, orribile,
ininacciante.