LES SALONS DE 1896
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On l’a dit : « L’art est l’œuvre do traduire une pensée par un
symbole. » Il convient donc d’établir une relation entre la forme
réelle objectivée sur la matière, et l’idée de cette forme. Le créateur
doit rendre cette relation manifeste, et le critique la constater.
L’artisle obtient cette relation en composant. Son originalité doit
paraître dans l'arrangement des ligures, leur éclairage, l’impression
synthétique value par la disposition des éléments, par la vigueur
SEULE, PAR Al. A MAN-JE AN
(Salon du Champ-de-Mars)
on la subtilité de l’esprit en évidence dans l’harmonie des formes.
Par la composition, le portrait de M. Graham Robertson séduit l’in-
telligence. Un maigre, un grave jeune homme rasé, vêtu d’une longue
redingote grise, se détache de l’ombre voilant derrière lui un de ces
meubles asiatiques laqués de noir à dessins d’or bruni. De sa personne
tout montre qu’il vit hors du corps dissimulé sous les lignes rigides
d’épais vêtements. La vie entière est dans un front haut que garnis-
sent, à la cime, des cheveux desséchés. Du regard, les yeux tristes
creusent l’espace ; ils n’y atteignent point la cause d’une joie. Cou-
leur de sang vif, les lèvres aimeraient cependant l’approche d’autres;
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On l’a dit : « L’art est l’œuvre do traduire une pensée par un
symbole. » Il convient donc d’établir une relation entre la forme
réelle objectivée sur la matière, et l’idée de cette forme. Le créateur
doit rendre cette relation manifeste, et le critique la constater.
L’artisle obtient cette relation en composant. Son originalité doit
paraître dans l'arrangement des ligures, leur éclairage, l’impression
synthétique value par la disposition des éléments, par la vigueur
SEULE, PAR Al. A MAN-JE AN
(Salon du Champ-de-Mars)
on la subtilité de l’esprit en évidence dans l’harmonie des formes.
Par la composition, le portrait de M. Graham Robertson séduit l’in-
telligence. Un maigre, un grave jeune homme rasé, vêtu d’une longue
redingote grise, se détache de l’ombre voilant derrière lui un de ces
meubles asiatiques laqués de noir à dessins d’or bruni. De sa personne
tout montre qu’il vit hors du corps dissimulé sous les lignes rigides
d’épais vêtements. La vie entière est dans un front haut que garnis-
sent, à la cime, des cheveux desséchés. Du regard, les yeux tristes
creusent l’espace ; ils n’y atteignent point la cause d’une joie. Cou-
leur de sang vif, les lèvres aimeraient cependant l’approche d’autres;