Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 16.1896)

DÉCORATION DE PARIS

a l’occasion des fêtes russes

Dans les circonstances actuelles, l'arrivée
|*I à Paris des souverains de la Russie fut un

événement inattendu. C’était, depuis 1807, le premier
monarque d’une grande nation qui fût reçu officiellement
dans nos murs et celui-ci venait en puissant allié. Aussi, le sentiment
public résolut-il de lui montrer que Paris n’avait pas cessé d’étre à la
fois la capitale des sciences et des arts, en même temps que la ville des
plaisirs, et qu’elle n’avait rien perdu de son goût pour l’élégance
primesautière. On voulut imaginer quelque chose d’original et en
même temps d’improvisé. Mais on se heurta alors à un grave obstacle :
celui de l'oubli systématique dans lequel était tombé, depuis de
longues années, l’art de la décoration des monuments, lorsqu’il se
produit un sujet de réjouissance publique.

Rompant avec une tradition qu’avait établie la longue succession
des anciens maîtres, les disciples de David et les élèves sortis de
l’Ecole de Rome auraient cru profaner leurs talents en les consacrant
à une besogne qu’ils considéraient comme inférieure. Par suite, les
soins de la décoration de la capitale étaient tombés entre les mains des
entrepreneurs, qui croyaient avoir accompli leur mission quand ilg