Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 16.1896)

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LETTRE D’ITALIE

L’EXPOSITION D’ART RELIGIEUX A ORVIETO

Orvieto, la vieille citadelle papale, qui ob-
serve de son rocher la route de Florence à Rome
et le cours déjà troublé du Tibre, achève, en ce
mois d’octobre, des fêtes pieuses et splendides.
Le Congrès eucharistique ouvert le b septembre
a réuni dans ces étroites murailles sombres des
milliers de pèlerins ; l’immense cathédrale, qui
a jailli du sol avec sa façade d’orfèvrerie, pour
célébrer l’hostie sanglante de Bolsène, restaurée maintenant,
s’est emplie de chants, d’encens et de fleurs, et le reliquaire
du Corporal, le plus beau de l’Italie et du monde, a traversé
lentement les rues, comme aux siècles de religion. En même
temps commençait une exposition qui, mieux vantée, eût fait
accourir en foule savants et artistes : réunion incomparable de
trésors d’église généreusement prêtés. De toutes parts, les églises
d’Italie avaient répondu à l’appel du comité, dont l’excellent
président, M. Luigi Fumi, est bien connu de tous ceux qui
s'occupent d’érudition artistique. Avec une science, un zèle, un
tact merveilleux, M. Fumi a disposé, dans l’unique et vaste salle
du palais des Papes, les quarante vitrines où étincellent velours,
broderies, émaux, ivoires.

Parmi tant de pièces envoyées, combien étaient presque
ignorées et ne se reverront plus ! Milan, Monza, Venise ne sont
point là ; leurs trésors demeurent à la portée de qui passe les
Alpes. Ce qu’il faut regretter davantage, c’est l’absence de cer-
taines œuvres d’art magnifiques, comme la chape de Pie 11 ; mais
les chanoines de Pienza, qui ont failli la perdre, il y a dix ans,

xvi. — 3e période.

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