Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 16.1896)

DEUX DESSINS D’INGRES

a l’école des beaux-arts

C’est à l’École des Beaux-Arts
que M'"c Edouard André faisait, en
1894, le cadeau de deux dessins
d’Ingres que nous reproduisons au-
jourd’hui. La donatrice avait dou-
blement raison dans sa générosité,
car la petite collection de dessins de
maîtres formée à la Bibliothèque de
l’École est toute désignée pour s’en-
richir de documents pareils.

Ce sont, en effet, là des pièces de large et perpétuel enseigne-
ment. Un dessin d’Ingres est un objet de méditation infinie pour
l’artiste, comme un texte antique est, pour la culture de l’esprit
philosophique, une inépuisable source de spéculations fécondes. Peu
de dessins signés des grands noms du passé reculé sont des leçons
comparables à celles que nous léguait Ingres, du bout de son impec-
cable « clou ». Ainsi qu’il le désirait lui-même, c’est d’abord une
leçon de probité que ce crayon d’airain adresse au débutant ; puis,
passés les temps d’école, la leçon est bonne encore à entendre. On
s’aperçoit alors que « du fort est sorti la douceur », et ceux pour qui
l’absolu n’a pas de grâces découvrent le gâteau de miel dans la gueule