Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 16.1896)

BIBLIOGRAPHIE

La nouvelle critique d’Art, a propos d’un Livre récent.

(Giorgione, Studio di Angelo ContiL)

o spirito di Bellini, ma scaldato da un’ anima
di fuoco : taie era quella di Giorgione, che
passù corne una meteora luminosa sut campi
dell’ arte, lasciando dietro a se traccie di
lace sui quadri di Tiziano e di tutti i gloriosi
maestri veneziani del cinquecento. » Cette
belle définition de M. A. Venturi est loin
de satisfaire l’idolâtrie que M. A. Conti pro-
fesse à l’égard de Giorgione, et, d’une façon
générale, le lyrisme de son admiration ne
s’accommode d’aucun des hommages ren-
dus jusqu’ici au divin peintre de Castel-
franco.

M. Conti n’est pas un penseur isolé; il y a aujourd’hui, de par l’Europe, un
certain nombre d’écrivains d’art pour qui la critique documentée a tous les
caractères d’une hérésie, qui se composent des visions en dehors du temps et de
l’histoire et repoussent comme des blasphèmes les appels de la réalité prosaïque.
Les conceptions chimériques où ils se complaisent rappellent l’allégorie de la
Caverne de Platon ; mais, du moins, le vol de leur esprit est haut et la littérature
profite parfois de l’harmonieux roman qu’ils créent de toute pièce. C’est ainsi
que Michelet et Taine se sont trompés avec un rare bonheur. — felix culpa — en
prêtant parfois aux grands artistes des intentions que ceux-ci n’eurent pas. Pour
nous, notre rôle est tout différent, et nous ne saurions concevoir d’autre critique
que la critique objective.

Cela dit, il est impossible de méconnaître le talent qu’a dépensé M. Conti,
toujours plus préoccupé de définir l’essence de l’art que de rallier son sujet.

1. Florence, Alinari frères, 1894; 1 vol. gr. iu-4° illustré.