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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 16.1896

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Nr. 2
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Nolhac, Pierre de: La décoration de Versailles au XVIIIe siècle, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24682#0101

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

manquerait, semble-t-il, entre autres morceaux essentiels, la che-
minée. Celle de Marie Leczinska avait été remplacée en 1782, sur
le désir do Marie-Antoinette, au moment où on parqueta sa chambre
à neuf1 ; c’est alors qu’on installa cette « belle cheminée en griotte
avec bronzes dorés » indiquée dans les rapports de l’architecte Nep-
veu comme retirée en 1834. Toute trace de cette œuvre d’art sem-
blait perdue ; mais je crois l’avoir identifiée tout récemment dans
un appartement privé du Grand Trianon.

Les dimensions, la qualité du marbre, le style, la beauté des
bronzes, tout concourt à la faire reconnaître. La pièce qui l’abrite, et
qui est aujourd’hui le salon du conservateur du palais, a servi de
cabinet au roi Louis-Philippe, dans ses séjours à Trianon ; il est assez
naturel qu’on y ait utilisé la cheminée mise en caisse par Nepveu.
M. le colonel Tournier aurait, je le sais, le plus délicat empresse-
ment à rendre à l'usage public ce magnifique morceau, si on pouvait
le placer dans une des salles de Versailles. Les guirlandes, les bande-
roles, les bouquets, les caducées appliqués avec tant de goût sur le
marbre rouge, laisseraient admirer et étudier, dans cette cheminée
de Marie-Antoinette, sortie vraisemblablement de batelier de Fores-
tier, un nouveau chef-d’œuvre de la ciselure française au milieu du
règne de Louis XVI.

Les gravures publiées par la Gazette pour l’article du mois dernier
permettent de restituer par la pensée un ensemble artistique qui eût
évoqué le passé de la chambre de la Reine avec bien plus de force
que ne le font pour le visiteur les portraits, d’ailleurs bien placés, de
Marie Leczinska par Naltier et de Marie-Antoinette par M"’° Lebrun.
On aimerait savoir maintenant comment était meublée jadis cette
pièce au balustre doré où vécurent les reines et les dauphines, et
qui vit naître, avec le cérémonial que l’on connaît, dix-neuf enfants
de France. Comment était-elle, du moins, au moment du dernier
séjour de Marie-Antoinette ? A la vérité, on ne sait encore quels
meubles s’y trouvaient parmi ceux qui passent pour provenir de
la Reine. Mme Campan dit que la toilette, « le meuble ordinaire-
ment le plus riche et le plus orné de l’appartement des princesses »,
était tirée au milieu de la chambre, pour la toilette de représentation

1. Extrait des réparations pour 1782 (Archives Nationales, O1 1770). A cette
même date appartiennent des dessins pour le grand cabinet intérieur de Marie-
Antoinette; le plus important (O1 1774) forme l’encadrement de la page précé-
dente.
 
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