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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 16.1896

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Nr. 2
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Adam, Paul: Les Salons de 1896, 3, La peinture au Salon des Champs-Élysées
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https://doi.org/10.11588/diglit.24682#0127

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Là un pic, ici un marteau sont brandis, sans que cela prête une atti-
tude théâtrale aux exaltés.

On chercherait longtemps, parmi les souvenirs, un tableau de
foule meilleur, qui ne noie point l’individu dans le mouvement ou ne
sacrifie pas le mouvement à peu de types mis en exergue, pour le
caractériser. L’œuvre de M. Luyten atteint une supériorité : l’im-
pression émane de l’ensemble, non de trois visages. La synthèse est
obtenue. A l’étude des directions, au faisceau bien arrangé des gestes,
à la simplicité des tons, à l’écrasement heureux des masses entre le
plafond bas et le sol, l’artiste doit la réussite.

Le soudain épanouissement de la sociologie, ou psychique des
peuples, que le siècle impute à la philosophie d’Auguste Comte, de
MM. Letourneau, Roberty, Kowalewsky, Tarde, Izoulet, nécessiteunart
parallèle. Flaubert l’instaura en créant l’âme des Mercenaires, en disant
les appétits contemporains qui se pressent autour deMme Bovary, dans
le bourg d’Yonville. Les foules deviennent le grand tragédien anonyme.
Sans doute, elles le furent toujours. Commodément, les annalistes
d’autrefois enregistrèrent, sous le nom des héros, les actes des peuples.
« Les prétendus grands hommes, écrit Tolstoï, ne sont que les éti-
quettes de l’histoire ; ils donnent leur nom aux événements, sans
même avoir, ce qu’ont du moins les étiquettes, le moindre lien avec
le fait lui-même. » Un chef-d'œuvre, la Guerre et la Paix, démontra
cette thèse du penseur slave que corrobore aujourd’hui la person-
nalité nouvelle de la foule en effervescence sociale sur tous les
points du monde.

Intitulant Humanité la toile où il oppose, à une série de
faméliques échoués dans un square, de roses, d’opulentes nourrices,
de saines bourgeoises, des enfants frais, M. Pelez dédia ses heures de
bon travail à la préoccupation immédiate du monde. La peine des
pauvres n’inquiète pas moins M. Dierckx, qui étudia soigneusement
les figures ternes, les habits tristes des mères reçues à l’œuvre de la
Bouchée de pain. Sur un banc voisin de l’église Saint-Sulpice,
M. Besson groupa, de même, l’embrassement de misérables amou-
reux adossés à une femme chauve que la faim halluciné et qui allaite
un nourrisson serré contre ses loques. Vers l’église défile le cortège
en surplis des séminaristes incapables d’offrir la certitude consolatrice
du ciel. M. Décote dessina un Joueur de vielle, homme noir. Son visage
se ferme sur la rancune d’atroces misères intérieures.

Non loin de cos armées en présence, riches et pauvres, un Amé-
ricain, M. Walden, présente la magnificence de l'invention méca-
 
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