Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 16.1896

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Di Giacomo, Salvatore: Une basilique du XIe siècle: Sant' Angelo in Formis
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24682#0152

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
138

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

monts Tifatins. Et devant soi, à une courte distance, on distingue
Capoue, la triste ville d’églises et de casernes, avec ses bastions
sombres et ses maisons délabrées...

D’un côté, un paysage morose, dans les buées du Vulturne,
sans étendue et grisâtre sous les nuages attirés par la crête du Tifata;
de l’autre, une suite interminable de plans irisés et le ciel opalin,
pur, éblouissant de clarté.

La voiture roule vite. Nous arrivons à un hameau formé par
cinq ou six chaumines appuyées à des vieux murs d’église. A l’abreu-
voir, un étalon se désaltère. Il lève la tôte et nous salue d’un hen-
nissement.

La carriole tourne brusquement à droite, et nous voici sur un
chemin raide, raboteux. Nous allons au petit pas. Le Tifata est
devant nous. « Quand on regarde cette montagne-là, on croit qu elle
marche », disent les gens du pays.

Le cocher est descendu de son siège et pousse à la roue. Je mets
forcément pied à terre. Notre cheval a fort à faire de traîner, à
pareille montée, la légère voiture vide ! Devant une sorte d’auberge,
la pauvre bête s’arrête d’olle-mème. Elle connaît la station. L’hôte-
lier souriant nous salue de la main, d’une main 'énorme à doigts
rouges, gonflés, courts. Cet hôtelier est une manière de géant; il
forme « tableau » sous la porte ornée de branches de laurier, avec
sa vaste corpulence et sa bonne figure réjouie.

Le cocher me dit :

— La basilique, Excellence, est là-bas, derrière cette maison, à
main gauche. Pendant que vous visiterez le monument, je ferai ici
souffler le cheval...

Dix minutes encore, je suis la route, déplus en plus difficile;
je gravis un escalier entre les chaumières et les massifs de roche;
je passe sous une antique porte, et je débouche sur une esplanade
carrée, pleine d’herbes et de fleurs à parfum pénétrant.

La basilique et son clocher occupent un des côtés. En face, on
dirait d’une « loggia», ménagée dans le seul but de faire voir un
splendide panorama. Sous la loggia, d’abord, quelques habitations
blanches à tuiles rouges ; ensuite un océan de verdure semé de taches
roses, et chaque tache est une ville de la Campanie, Les champs
montrent, par l’effet des cultures diverses, des échiquiers et des
dessins géométriques. Les bosquets d’orangers et de citronniers
mettent, çà et là, une note grave dans cette symphonie de couleurs.
Une légère fumée blanche... C’est le train qui passe. Le sifflet de
 
Annotationen