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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 16.1896

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Nr. 2
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Di Giacomo, Salvatore: Une basilique du XIe siècle: Sant' Angelo in Formis
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https://doi.org/10.11588/diglit.24682#0162

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148

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Le pavé indique des époques diverses ; quelques larges dalles
de marbre remontent à l’époque du temple de Diane; des pièces de
mosaïque, extrêmement détériorées, sont dues à l'abbé Desiderius;
enfin, on a cherché postérieurement à restaurer des parties endom-
magées, et l’on a mis en œuvre des matériaux de toute sorte.

A quelques pas de la porte, un sarcophage romain, de l’époque
de la décadence, sert de fonts baptismaux.

Tout le grand mur, encadrant la porte, et qui s’élève jusqu’au
plafond, représente un sujet unique : le Jugement dernier; toutefois,
les différents épisodes sont distribués en sept compartiments. L’enca-
drement central montre le Christ dans une gloire ovale ; à droite
sont groupés les élus; à gauche, les réprouvés tombent dans l’enfer
où Satan les reçoit1.

Quels furent les artistes auteurs de ces fresques ?

Il est indiscutable qu’elles remontent à l’époque où Desiderius,
abbé du Mont-Cassin, fit restaurer le temple et le transforma en basi-
lique. Cela est dessiné avec ce style barbare, mais plein de grandeur,
qu’on ne retrouve jamais dans des temps plus récents. Nous savons
que Desiderius fit venir de Constantinople des mosaïstes (quadra-
tarit) et des peintres, en vue d’embellir le Mont-Cassin. Il paraît
probable que ces mêmes artistes furent employés, par le même
prélat, à Sant’Angelo, dans cette basilique de la mouvance du Mont-
Cassin.

On peut objecter que les moines bénédictins ont appris, à coup
sûr, la peinture et l’art de la mosaïque en voyant travailler les
Byzantins, et que, dès lors, les travaux d’art de Sant’ Angelo pour-
raient avoir été exécutés par des religieux italiens, élèves des Grecs,
et non par les Constantinopolitains.

Cette opinion a pour elle des champions résolus. Cependant, il ne
faut pas oublier que les procédés les plus simples, au moyen âge,
étaient rigoureusement tenus secrets, que les artistes s’enfermaient
à clef dans les églises qu’ils décoraient et ne permettaient déjuger de
leur œuvre qu’à travail fini, et qu’il est douteux que les Byzantins
aient facilement communiqué leurs méthodes à des étrangers.

1. Nos lecteurs seront frappés des grandes similitudes de plan et de décora-
tion qui existent entre la basilique de Sant’ Angelo et celle de Torcello que notre
collaborateur M. Ary Renan a publiée dans la Gazette (oct. 1887 et mai 1888). La
division en zones, les figures d’anges évoquant les morts de leurs tombes, la pein-
ture de l’enfer surtout, sont des traits communs à la fresque de Sant’Angelo et à
ld grande mosaïque de l’église vénitienne que nous avons gravée. — N. d. l. r.
 
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