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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 16.1896

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Nr. 2
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Marguillier, Auguste: J. -Th. Stammel et ses sculptures au monastère d'Admont
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https://doi.org/10.11588/diglit.24682#0180

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166

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

la pierre tumulaire est incrite la date de ces sculptures, 1768) , suspendu
entre le ciel et l’enfer, la béatitude et la damnation, et regardant en
bas, d’un air angoissé, un démon, armé de lunettes grossissantes,
qui porte le livre des fautes, tandis qu’en haut un ange lui montre
d’un air encourageant le Christ apparaissant dans sa gloire pour
prononcer la sentence.

L’Enfer est représenté par les sept péchés capitaux : la figure
principale, qui tient un serpent se mordant la queue, symbole de
l’Eternité, est un homme nu, d’une exécution plastique excellente,
le visage contracté par la fureur, rongé au cœur par une vipère et
brandissant un poignard (la Colère) ; il chevauche un monstre, mi-
bouc, mi-homme, à ailes de chauve-souris, à figure sardonique (la
Luxure), et est entouré des autres vices : une tète couverte d’une
coiffure faite de pièces de monnaie et rêvant, les yeux mi-clos, de ses
trésors (l’Avarice), tandis que, vis-à-vis, l’Envie grince des dents, et
qu’un paon, faisant la roue, forme le cimier d’un casque coiffant
l’Orgueil; plus haut, la Gourmandise tient une saucisse et une bou-
teille et a des ailes de chauve-souris pour signifier les orgies noc-
turnes ; enfin, au bas, un masque humain qui ferme les yeux et un
crapaud symbolisent la Paresse. Tout cela est vomi avec des flammes
par le gouffre béant de l’Enfer, et forme un groupe fantastique,
une sorte de bête monstrueuse aux têtes multiples, pleine de vie et
d’un effet vraiment saisissant.

Comme contraste, voici le Ciel : une créature juvénile, aux traits
gracieux, vêtue de voiles légers, une couronne sur la tête, emportée
par un ange vers les hauteurs célestes, où resplendit dans une gloire
le triangle divin, vers lequel elle élève un cœur; à ses pieds, un petit
génie tient le serpent de l’Eternité, et trois autres enfants rappellent
les mérites et les vertus de l’âme qui plane au-dessus : l’un a les mains
jointes (c’est la Prière), le second reçoit un pain d’un corbeau (le
Jeûne), et le troisième (qui personnifie l’Aumône) tient dans sa main
droite une pièce de monnaie et est privé de sa main gauche, qui
« doit ignorer ce que fait l’autre ».

Ces groupes colossaux, si pleins d’invention, de verve et de vie,
sont les œuvres maîtresses de Stammel et montrent ce qu’était notre
sculpteur : un artiste vraiment original, d’une science technique très
sûre (l’anatomie et les draperies sont traitées d’une façon parfaite),
surtout doué d’une imagination fertile, parfois exubérante, à laquelle
il s’abandonne volontiers, et qui donne à ses œuvres, remarquables
sous beaucoup de rapports, un côté peut-être théâtral — nullement
 
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