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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 16.1896

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https://doi.org/10.11588/diglit.24682#0190

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17G

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

les héritiers de ceux qui ont passé parles tâtonnements de la naïveté originelle.
Depuis les enluminures du début jusqu’à la franche émancipation du paysage se
suffisant à lui-même, M. E. Michel marque donc de grandes étapes plastiques,
dont les plus signalées sont marquées par les noms de Van Eyck et de Memling,
— du premier surtout, qui triomphe avec plus de candeur, — et termine au mo-
ment où l’art hollandais supplante l’art flamand par une observation et une
émotion supérieures devant les beautés naturelles.

Mais il est une place qui — malgré les efforts d’un peintre anglais célèbre —
n’est point disputée dans la hiérarchie des maîtres anciens du paysage : c’est
celle qu’occupe Claude Lorrain ; celui-là aussi ouvre de larges espaces à la poésie
de la lumière et du plein ciel. Ta troisième des Études, tout en nous montrant
l’enseignement que reçut le jeune pèlerin de l’art et ce qu'il emprunta à ses con-
temporains, laisse cependant son rôle indescriptible au mystère de l'ambiance qui
lui est propre; elle laisse aussi, justement, au Poussin sa large et noble part.
Encore une fois, le critique réussit à nous initier au patient travail technique
du peintre le plus immatériel qui soit; il faut lui savoir gré d’essayer toujours;
trop souvent les critiques « renoncent à décrire » le charme intrinsèque de
l’œuvre et laissent à l’image le soin de parler pour eux.

Enfin, l’étude sur les Arts à la cour de Frédéric II est le tableau précis et
vivant de l’activité intellectuelle d’un roi qui aurait souhaité d’avoir à Potsdam
un Velâzquez et tâcha d’y attirer Van Loo sans y parvenir. Les efforts du roi de
Prusse pour douer la nation qu’il créait intégralement d’un art que son cerveau
concevait tout armé échouèrent, il est vrai : on ne force pas la nature, et une
pensée authentique de M. de Bismarck a bien rendu l’inutilité de la culture in-
tensive officielle appliquée aux œuvres d’art : « On ne mûrit pas les fruits, dit-il,
à la chaleur d’une lampe; » mais n’oublions pas que Potsdam renferme vingt et
un Watteau et une cinquantaine de tableaux de Pater et de Lancret. La belle
causerie de M. E. Michel est un chapitre d’histoire philosophique et de morale
esthétique qui pourrait porter en épigraphe : et nunc erudimini, reges.

A. R.

L’Administratcur-gérant : J. ROUAM.

PARIS. — IMP. GEORGES PETIT, 12, RUE GODOT-DE-MAUROI
 
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