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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 16.1896

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Nr. 3
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Michel, André; Courajod, Louis [Bearb.]; Courajod, Louis [Gefeierte Pers.]: Louis Courajod
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https://doi.org/10.11588/diglit.24682#0219

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204

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

qui conserve en sa collection la trace féconde de toutes les recherches
où se dépensa son activité scientifique, l’expression vibrante de tant
d’idées qui, dans cet esprit original et hardi, riche d’une belle sponta-
néité et d’une sensibilité frémissante, jaillirent une à une du groupe-
ment et de la comparaison des monuments et des faits, — la Gazette
veut aussi lui payer sa dette de reconnaissance pour une collaboration
si longue et si brillante. En acceptant d’être ici son porte-parole, j’ai
moins consulté mes forces que les sentiments dont mon cœur est
plein pour ce maître et cet ami fidèlement aimé... J’essaierai donc,
à propos des articles dont il a enrichi notre recueil, d’indiquer les
services qu’il a rendus à l’histoire de l’art et au Louvre ; mais je ne
saurais prétendre à dresser aujourd’hui l’inventaire complet de son
œuvre. C’est à l’Ecole du Louvre qu’il conviendra de parler du pro-
fesseur et de dire la place qu’avait prise dans sa pensée et dans sa
vie cet enseignement qu’on lui avait presque imposé et auquel il
consacra, dans ses dernières années, toutes les énergies de sa volonté,
de son âme inquiète et ardente.

Louis Courajod était né à Paris en 1840. Après de brillantes
études au lycée Charlemagne, où s’était déjà signalée cette extraor-
dinaire puissance de travail qui devait faire de lui un des grands
érudits de notre temps, il entra à l’École de Droit. Le hasard d’un procès
éveilla sa vocation historique. Il passait chaque année les vacances à
Orbais, dans une propriété que possédait depuis longtemps sa famille,
au bord du Surmelin, un des affluents de la Marne. La ville de Paris,
qui déjà manquait d’eau, avait projeté de capter les sources de cette
rivière et ses ingénieurs sillonnaient le pays. Un comité de résis-
tance se forma; Courajod, dont l’extraordinaire combativité n’atten-
dait qu’une occasion, en devint bientôt l’âme. Pour s’opposer aux
prétentions de la capitale et mainlenir les droits des riverains, il
entreprit dans les archives locales et notariales, une enquête qui le
conduisit bientôt au grand dépôt des archives, alors impériales. Il y
trouva bien mieux que ses arguments décisifs contre Haussmann, et
les éléments d’une remarquable brochure, publiée un peu plus tard1.
Comme Michelet, au Musée des Monuments français, au contact des
« grands dormeurs de pierre » avait « pris l’étincelle historique, l’intérêt
des grands souvenirs, le vague désir de remonter les âges », Courajod
sentit, à manier les dossiers exhumés des cartons, frémir sous ses

1. Recherches sur l’histoire de l’industrie dans la vallée du Surmelin (Éper-
nay, 1868).
 
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