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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 16.1896

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Nr. 4
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Vitry, Paul: Deux familles de sculpteurs de la première moitié du XVIIe siècle, 1: les Boudin et les Bourdin
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https://doi.org/10.11588/diglit.24682#0305

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286

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

des Boudin et des Bourdin. Il ne serait que juste de tirer de l’oubli
ces artistes qui eurent, à défaut de génie, un véritable talent, hon-
nête et robuste, de réunir tout ce que nous savons sur leur vie et
sur leurs œuvres, et surtout d’établir nettement la distinction entre
ces deux familles d’artistes, que l’on a presque toujours confondues.
Dans l’une comme dans l’autre, un père et un fils ont successivement
ou même simultanément manié le ciseau. Ce sont, d’un côté, les
Boudin Thomas et son fils Barthélemy ; de l’autre, les Bourdin Michel Ie’’
et Michel II'.

Cette distinction est en effet absolument certaine et nécessaire,
malgré les confusions de noms et les erreurs d’orthographe, qui ont
commencé dès le xvne siècle avec Sauvai. Les noms de nos artistes,
gravés sur leurs œuvres ou inscrits sur les actes authentiques qui

1. L’origine des confusions vient d’un certain Gilbert, qui donna, en 1812,
dans le Magasin encyclopédique, une description de la cathédrale de Chartres'1.
Il appela « Thibaud Boudin le continuateur de Jean de Beauce ». Émeric David le
suivit, et dans son Tableau historique de la Sculpture françaiseb, il parla de Thibaud
Boudin, sculpteur à Chartres; mais d’autre part, il connaissait par les textes les
noms de Thomas Boudin, le véritable auteur des sculptures du tour du chœur de
Chartres, et de Michel Bourdin, que les auteurs du xvue siècle, Sauvai en particulier,
appelaient quelquefois aussi Boudin ; il lit alors de Thomas et de Michel les fils de
Thibaud. Depuis, la question ne fit que s’embrouiller. L’attribution faite par
Lenoir à un de ces artistes du tombeau de Diane de Poitiers, morte en 1366,
compliquait encore les choses; on alla même jusqu’à prêter à un seul homme
les œuvres de trois ou quatre et à le faire vivre plus de cent ans'f M. Vaudin,
dans une étude sur « les Bourdin père et fils" », chercha à mettre au moins de
la logique dans sa biographie. Il fit revenir sur l’eau ce Thibaud Boudin, imaginé
par Gilbert et Émeric David et qui n’a probablement jamais existé. 11 donna à
celui-ci la Diane de Poitiers, rendit à Thomas les sculptures de Chartres, mais
garda la généalogie d’Émeric David, qui fait de Thomas et de Michel deux frères
Bourdin.

Je crois que c’est là une erreur capitale, et qu’il importe, avant tout, de
distinguer nettement entre les Boudin et les Bourdin. Cette distinction, d’ailleurs,
avait déjà été clairement établie par Jal, dans son précieux Dictionnaire de
Biographie et d’Histoire. Tout récemment aussi M. Herluison (Réunion des Sociétés
des Beaux-Arts des départements, 1888), M. de Mély (ibid., 1890), M. Lemonnier
(L'Art français au temps de Richelieu et de Mazarin), M. Gonse, enfin, dans sa
Sculpture française, l’ont admise et en ont indiqué l’importance.

a) Cf. Gilbert, Description de la cathédrale de Chartres (Magasin encyclopédique,
1812, t. IV, p. 18).

b) Émeric David, 1853, p. 180.

c) Cf. Brainne, Hommes illustres de l’Orléanais, 1832, t. 1er, p. 18.

d) Cf. Inventaire des richesses d’art de la ville de Paris : Église Saint-Gervais,

e) Vaudin, Les Bourdin père et fils, sculpteurs Orléanais, Paris, 1883.
 
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