DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:Vitry, Paul: Deux familles de sculpteurs de la première moitié du XVIIe siècle, 1: les Boudin et les Bourdin
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
château d’Anet la statue, à genoux, de Diane de Poitiers, sculptée
en marbre par Bourdin, 17 messidor an IY », puis dans son cata-
logue1. Ailleurs encore, dans une description d’Anet qu’il publia
en 18101 2, il dit « Boudin3 », cette fois, mais sans autre preuve. La
statue, en 1816, fut rendue à la duchesse d’Orléans, placée dans
le parc de Neuilly, puis, après 1848, elle rentra à Versailles5 6, où
elle est encore4.
Pour ce qui est de la date de la statue, elle est certaine. M. Vau-
din disait qu’elle avait été décrite par du Cerceau en 1576; il se
trompait, mais de bien peu. Du Cerceau, dans ses Plus Excellens
bâtimens de France, parle d’une chapelle qu’on lui a montrée « hors
la clôture des bâtiments et jardins » (cette chapelle existe encore) et
qu’on lui a dit âvoir été faite pour mettre la sépulture de feu Mme la
Duchesse. Mais sur son dessin, qui représente l’intérieur de cette
chapelle, d’ailleurs vide, il l'intitule : « chapelle où se doit mettre la
sépulture de feu Mme la duchesse de Yalentinois. » En 1576, la statue
n’était donc pas achevée. Mais nous savons, par un texte des mé-
moires de Guillaume Lainé, prieur de Mondouville0, que ce fut seu-
lement en 1577 que la chapelle fut consacrée et le monument achevé.
La statue est donc une rouvre du plein xvU siècle, et nous ne pouvons
absolument pas la mettre au compte de Michel Bourdin, dont nous
ne savons pas exactement la date de naissance, mais qui, selon toute
vraisemblance, n’était pas encore né au moment où elle fut faite.
Personne d'ailleurs n’a pu trouver une seule preuve confirmant le
dire de Lenoir sur l’auteur de cette statue7. M. Roussel, qui a publié
une monographie très exacte et très consciencieuse du château
d’Anet8, parle simplement « de la statue de la duchesse que Lenoir
attribuait au sculpteur Bourdin et dont on ignore l’auteur».
Nous possédons un devis9 de cette chapelle funéraire que Diane
1. Catalogue du Musée des Monuments français, n° 460.
2. Mémoires de l’Académie celtique, t. V., p. 498-517.
3. De même dans son grand catalogue illustré.
4. 11 y en a un moulage exposé dans les galeries, n° 237.
5. Catalogue de Soulié, n° 1366.
6. Cf. les textes publiés par M. de Caraman-Chimay dans sa Noticc sur Anct,
p. 92.
7. C’est par erreur que M. Bapst (Gazette des Beaux-Arts, 1891, p. 295) parle
de la statue de Louis XI et de celle de Diane de Poitiers, signées en toutes lettres
par Michel Bourdin.
8. Roussel, Description du château d’Anet. Paris, Jouaust, 1875, p. 104.
9. Cf. Fillon, Archives de l’Art français, 2e série, t. II, p. 379-392.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
château d’Anet la statue, à genoux, de Diane de Poitiers, sculptée
en marbre par Bourdin, 17 messidor an IY », puis dans son cata-
logue1. Ailleurs encore, dans une description d’Anet qu’il publia
en 18101 2, il dit « Boudin3 », cette fois, mais sans autre preuve. La
statue, en 1816, fut rendue à la duchesse d’Orléans, placée dans
le parc de Neuilly, puis, après 1848, elle rentra à Versailles5 6, où
elle est encore4.
Pour ce qui est de la date de la statue, elle est certaine. M. Vau-
din disait qu’elle avait été décrite par du Cerceau en 1576; il se
trompait, mais de bien peu. Du Cerceau, dans ses Plus Excellens
bâtimens de France, parle d’une chapelle qu’on lui a montrée « hors
la clôture des bâtiments et jardins » (cette chapelle existe encore) et
qu’on lui a dit âvoir été faite pour mettre la sépulture de feu Mme la
Duchesse. Mais sur son dessin, qui représente l’intérieur de cette
chapelle, d’ailleurs vide, il l'intitule : « chapelle où se doit mettre la
sépulture de feu Mme la duchesse de Yalentinois. » En 1576, la statue
n’était donc pas achevée. Mais nous savons, par un texte des mé-
moires de Guillaume Lainé, prieur de Mondouville0, que ce fut seu-
lement en 1577 que la chapelle fut consacrée et le monument achevé.
La statue est donc une rouvre du plein xvU siècle, et nous ne pouvons
absolument pas la mettre au compte de Michel Bourdin, dont nous
ne savons pas exactement la date de naissance, mais qui, selon toute
vraisemblance, n’était pas encore né au moment où elle fut faite.
Personne d'ailleurs n’a pu trouver une seule preuve confirmant le
dire de Lenoir sur l’auteur de cette statue7. M. Roussel, qui a publié
une monographie très exacte et très consciencieuse du château
d’Anet8, parle simplement « de la statue de la duchesse que Lenoir
attribuait au sculpteur Bourdin et dont on ignore l’auteur».
Nous possédons un devis9 de cette chapelle funéraire que Diane
1. Catalogue du Musée des Monuments français, n° 460.
2. Mémoires de l’Académie celtique, t. V., p. 498-517.
3. De même dans son grand catalogue illustré.
4. 11 y en a un moulage exposé dans les galeries, n° 237.
5. Catalogue de Soulié, n° 1366.
6. Cf. les textes publiés par M. de Caraman-Chimay dans sa Noticc sur Anct,
p. 92.
7. C’est par erreur que M. Bapst (Gazette des Beaux-Arts, 1891, p. 295) parle
de la statue de Louis XI et de celle de Diane de Poitiers, signées en toutes lettres
par Michel Bourdin.
8. Roussel, Description du château d’Anet. Paris, Jouaust, 1875, p. 104.
9. Cf. Fillon, Archives de l’Art français, 2e série, t. II, p. 379-392.