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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 16.1896

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Nr. 5
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Tourneux, Maurice: Les tsars à Paris
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https://doi.org/10.11588/diglit.24682#0375

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354

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Officiellement dépouillé de son rôle de capitale par la ran-
cune de Louis XIV, qui, malgré un tardif rapprochement, ne lui
pardonna jamais son rôle durant la Fronde, Paris ne reprit un in-
stant le rang auquel il avait droit que sous la Régence; mais, quoi-
que Louis XV, imitant en cela son aïeul, eût de très bonne heure
réintégré le palais de Versailles, Paris eut aussi l’honneur d’hé-
bcrgor tour à tour Pierre le Grand, Christian VII, roi de Danemark,
Gustave III, roi de Suède, Joseph II, empereur d’Autriche, et enfin
Paul Petrovitch, grand-duc héritier de Russie, sans parler d’une
nuée de petits princes allemands, dont Grimm se trouvait le guide
tout indiqué.

Saint-Simon, Ruvat, la duchesse d’Orléans (princesse Palatine),
l’abbé Ruchet, rédacteur du Mercure galant, et un certain nombre
de nouvellistes à la main, nous ont suffisamment renseignés sur les
préliminaires de la démarche de Pierre Ier auprès du petit roi
Louis XV, sur les incidents qui signalèrent son séjour et sur les
singularités naturelles ou préméditées dont il donna fréquemment
le spectacle à une cour où l’étiquette chère au Roi-Soleil n’était pas
encore lettre morte. Rien qu’il se fût annoncé en souverain, et
qu'il eût été reçu comme tel, il s’affranchit promptement des obli-
gations que son titre lui imposait, et, tantôt dans le premier carrosse
venu, tantôt à pied, il jouissait de tous les privilèges d’un incognito
dont personne n’était la dupe; il visita ainsi non seulement les
édifices et établissements publics, mais encore de simples ouvriers,
trouvant à les interroger ou à les voir travailler un plaisir que ne
lui procuraient pas les chefs-d’œuvre entassés dans les maisons
royales, non plus que les diamants de la Couronne, dont la valeur
vénale piqua seule sa curiosité. Il éluda une visite à l’Académie
royale de peinture et de sculpture, mais prit en revanche grand
plaisir à celle de la manufacture des Gobelins et de la Monnaie des
Médailles. Dans son Histoire journalière de Paris1, Dubois de Saint-
Gelais a donné une relation de ces deux visites. Si exact que soit
son récit, en ce qui concerne la frappe sous les yeux surpris de
Pierre Ier d’une médaille à son effigie, M. F. Mazerolle nous révélera
sur ce point des documents que Dubois ne pouvait connaître ; mais

1. Réimprimée en 1885 pour la Société des Bibliophiles français, par les
soins de l’auteur de cet article. M. Jules Guiffrey en avait extrait le récit qu'on va
lire pour l’offrir, sous la forme d'une élégante plaquette, à l’amiral Avellan et à
ses officiers, lors de leur visite attendue à la manufacture; mais cette visite ne
put avoir lieu.
 
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