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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 16.1896

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Pierre Granier (1635-1715): un sculpteur du Grand Siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24682#0514

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

premier abord, de donner à notre Pierre Granier le monument
imaginé par Titon du Tillet. Nous croyons cependant que c’est à une
de ces confusions, si ordinaires à l’époque, qu’il faut attribuer la
substitution du nom de Louis Garnier à celui de Pierre Granier dans
ces quelques lignes de Titon du Tillet.

Voici nos raisons :

Sauf le témoignage de Titon du Tillet, nous ne rencontrons
aucune indication quelque peu précise relative à ce Louis Garnier.
11 est vrai que d’Argenville et de Guilhermy (Inscriptions de la
France, t. Ier, p. 610) lui attribuent le tombeau de la chapelle des
Ecossais, rue des Fossés-Saint-Victor1. Mais ils ajoutent après la
mention du nom de Louis Garnier, « élève de Girardon ». Or, on
connaît les noms de tous ceux qui faisaient partie de l’atelier du
maître, et Louis Garnier n’y figure à aucun titre. De plus, à l’excep-
tion du Parnasse et de ce tombeau de la chapelle des Ecossais, on ne
rencontre aucune autre œuvre attribuée au prétendu Louis Garnier.
Cependant, l’exécution d’un monument aussi important que le Par-
nasse aurait dû attirer sur lui l’attention des contemporains et lui
valoir des commandes dont les traces subsisteraient. Selon de Guil-
hermy, Louis Garnier serait né en 1639 et mort en 1728, dates qui ne
sont appuyées par aucun document et semblent de pure fantaisie.

Nous pouvons, d’ailleurs, invoquer à l’appui de notre thèse des
preuves plus concluantes. Tout d’abord, Titon du Tillet, dans les
quelques lignes citées plus haut, présente Louis Garnier comme un
« sculpteur habile dans les ouvrages de fonte». On a vu, dans le relevé
donné par nous des sculptures de Pierre Granier, que les ouvrages
de fonte étaient une de ses spécialités et que Girardon lui confiait
volontiers ces sortes de travaux. D’autre part, si l’on rapproche les
statuettes qui décorent le Parnasse des œuvres authentiques de Pierre

1. Ce tombeau avait été élevé à Jacques II, roi détrôné d’Angleterre, mort en
France, en 1701. En voici la description donnée par de Guilhermy : «Le collège des
Écossais eut en partage le cerveau du roi Jacques, déposé dans une urne de bronze
doré. Il ne reste plus que l’ajustement dont le tombeau était entouré. Un grand
piédestal de marbre gris encadre l’épitaphe gravée sur une longue plaque de mar-
bre noir et sert de base à un cénotaphe que surmonte un petit obélisque ; c’est là
qu'était placé le vase funéraire. Des rideaux de marbre blanc, garnis de glands et de
franges, se drapent aux côtés du monument. L’auteur a daté et signé son œuvre. 11
se nommait Louis Garnier; il était membre de l’Académie de peinture et de sculp-
ture de Saint-Luc, à Paris ; il mourut le 21 septembre 1728, à l’âge de quatre-vingt-
neuf ans ». Ajoutons que ce Louis Garnier ne figure pas sur la liste des membres
de l’Académie de Saint-Luc donnée par la Revue universelle des Arts (1861, p. 322).
 
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