Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 16.1896

DOI issue:
Nr. 6
DOI article:
Logan, Mary: Le triptyque attribué à Juste d'Allemagne au Musée du Louvre
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24682#0522

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
LE TRIPTYQUE ATTRIBUÉ A JUSTE D’ALLEMAGNE 495

l’aspect décoratif, que nous avons déjà notée et qui assujettit à un
effet décoratif général la couleur, la composition et la disposition
des vides, aussi impérieusement que les plus petits détails.

11 y a ici non seulement une ressemblance extraordinaire à enre-
gistrer entre les types, le coloris, les détails et la technique de ces deux
ouvrages, mais l’attribution de l’un et de l’autre au même auteur
satisfait toutes les exigences de la logique. Nous sommes devant un
peintre originaire de Nice, presque un Provençal, qui, par conséquent,
pouvait, soit avoir reçu effectivement un premier enseignement de
quelque peintre provençal, soit avoir formé son œil, en ses jeunes
années, dans quelque atelier de Provence. Du meme coup se trouve
expliqué pourquoi le triptyque du Louvre rappelle tant la manière de
Foppa ; car non seulement, dans ses autres œuvres connues, Brea est
toujours l’élève quelque peu provincial de Foppa, mais il collabora
certainement avec Foppa à ce retable même que j’allai voir à Savone :
un panneau peint de sa main, signé et daté de 1490, fait partie du grand
polyptyque de Foppa. Bien que ce panneau contienne une figure en
pied de saint Jean l’Evangéliste, tout l’intérêt, comme dans le tableau
du Louvre, réside évidemment dans les détails de l’œuvre. Le paysage
et les architectures du fond, les objets placés aux pieds de saint Jean, le
livre, la plume et le rouleau de parchemin, sont tous traités conmolta
finezza e con amore, ainsi que le remarque justement M. Carotti dans
YArchivio storico 1 , tandis que le visage est di poca espressione e
modellato poveramente. Il est permis de penser qu’une collaboration
aussi intime que celle-ci n’eût pas été possible, s’il n’y avait eu, entre
les doux artistes, une grande parité de style.

Les dates de la naissance et de la mort de Brea nous sont incon-
nues, mais le panneau de 1490 est déjà d’un maître en sa parfaite
maturité, et un tableau d’autel, conservé dans l’église de Santa Maria
del Castello, à Gênes, est daté de 1513. Un autre tableau d’autel du
musée de Lucques, non daté, si je ne me trompe, est d’un style encore
plus avancé, et doit être d’une date postérieure. Brea fut un des rares
artistes qui illustrèrent la région comprise entre Nice et Pise, région
qui demeura si singulièrement pauvre en artistes de toute sorte, à l’é-
poque où l’art était à son apogée en Italie. Sachant qu’il travailla sur la
côte ligurienne — et, cela va sans dire, à Gênes qui en était la capitale,
— notre attribution se trouve encore confirmée par la provenance du
tableau : il provient, nous dit le catalogue dressé par M. Lafenestre,
d’un oratoire de Gênes.

I. Archivio storico dell’ Arte, 1895, fasc. VI.
 
Annotationen