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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
nous révèle un élève inconnu de ce Viva, Vannuccio, l’auteur d’une délicieuse
croix processionnelle que conserve la cathédrale d’Orte. Cette croix d’argent,
signée et datée (-)- vannuccius vive de semis me fecit ano dni mccclii), porte en
relief la seule figure du Christ, d’une tendresse admirable, et, en des médaillons
émaillés, le Christ juge, la Vierge, saint Jean et saint Laurent; au revers,
l’agneau, les quatre Évangélistes, et la signature en lettres gothiques sur fond
bleu.
De même école, et de la seconde moitié du xiv” siècle, sont les croix d’Urba-
nia et de Gualdo Tadino (cette dernière, dont voici la reproduction, n’a été
exposée que peu de temps), celle de Spello, datée, et qui porte le nom d’un
orfèvre de Pérouse, formé à l’école de Sienne (paulus vanmis de perusio me fecit
svu amno domini mccclxxxxviii). Ici toutes les figures sont en haut relief, le centre
étant occupé d’un côté par le Christ en croix et un médaillon d’émail avec des
anges exquis, de l’autre par la Madone.
Il manquait à l’exposition, pour compléter la riche série des croix proces-
sionnelles ombriennes du xiv° siècle, les croix de vermeil émaillé d’Agello et de
Monte Colognolo f environs de Pérouse), assez semblables de style aux précédenles;
mais, pour clore la série par une œuvre du xvic siècle, on ne pouvait mieux
choisir que la fine croix d’argent de Mongiovino, dont on croirait volontiers que
Cellini ou l'un de ses meilleurs élèves a ciselé les figures élégantes et longues, et
l’entrelacement des feuillages.
L’étude des calices émaillés et ciselés peut apporter aussi plus d’un rensei-
gnement utile à l’histoire de l’art. C'est ainsi que l’on doit ajouter à la liste des
orfèvres ombriens le nom de Cataluzzo de Todi, l’auteur du grand calice, accom-
pagné de sa patène, qui appartient au musée de Pérouse (chatalvtivs pétri de
tvderto me fecit), calice de vermeil avec médaillons émaillés sur le nœud et
riches ciselures à la base de la coupe. Je n’en vois qu’un qui lui soit comparable
et même supérieur, si l’on veut, par ses dimensions prodigieuses : le calice de
Veroli, qui semble fait pour un géant. 11 n’est pas signé et porte le seul nom du
chanoine qui le fit faire : dnus nicolaus masii canonicus ver. Nombre d’autres, aux
proportions plus raisonnables, sont d’une grâce infinie dans la simplicité de leur
décor ; ainsi ceux de Nocera, ainsi le calice de Benoît XI, appartenant encore
au musée de Pérouse, et ceux qu’ont envoyés les chanoines de Montefiascone
(deux portent la signature d’orfèvres de Viterbe : arcimanno rattista de yiterbio
ME FECIT, et HOC OPUS FECIT PETRUS AVIAS IUDICE AURI1TCE DE VITERBIO AN. D. MCCCCXXVIl).
Il faudrait, pour clore la liste, décrire deux antiquités vénérables, dont l'une
au moins a tous les droits à notre respect. C’est le calice d'argent de Feltre,
qui se rapproche un peu de la forme du gobelet primitif, lourd et profond, de
pied très court, avec l’inscription suivante,de style également antique: -[-de donis
dei vrsvs diaconus sancto petro ET sancto pavlo orTVLiT. L’autre, le fameux calice
de saint Jérôme, conservé à Sant’ Anastasia de Rome, semble plus que suspect :
sur une monture du xv» siècle, un fragment de vase oriental en pâte blanche, si
bien caché, du reste, dans son enveloppe scellée, qu’on le devine plutôt qu’on 11e
le voit.
Comment décrire, comment citer même les fers à hosties (parmi lesquels celui
de l’hostie de Bolsène, appartenant au municipe de Turin), les ostensoirs (parmi
lesquels celui de Montalto, dans les Marches, œuvre d’architecture touffue, datée
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
nous révèle un élève inconnu de ce Viva, Vannuccio, l’auteur d’une délicieuse
croix processionnelle que conserve la cathédrale d’Orte. Cette croix d’argent,
signée et datée (-)- vannuccius vive de semis me fecit ano dni mccclii), porte en
relief la seule figure du Christ, d’une tendresse admirable, et, en des médaillons
émaillés, le Christ juge, la Vierge, saint Jean et saint Laurent; au revers,
l’agneau, les quatre Évangélistes, et la signature en lettres gothiques sur fond
bleu.
De même école, et de la seconde moitié du xiv” siècle, sont les croix d’Urba-
nia et de Gualdo Tadino (cette dernière, dont voici la reproduction, n’a été
exposée que peu de temps), celle de Spello, datée, et qui porte le nom d’un
orfèvre de Pérouse, formé à l’école de Sienne (paulus vanmis de perusio me fecit
svu amno domini mccclxxxxviii). Ici toutes les figures sont en haut relief, le centre
étant occupé d’un côté par le Christ en croix et un médaillon d’émail avec des
anges exquis, de l’autre par la Madone.
Il manquait à l’exposition, pour compléter la riche série des croix proces-
sionnelles ombriennes du xiv° siècle, les croix de vermeil émaillé d’Agello et de
Monte Colognolo f environs de Pérouse), assez semblables de style aux précédenles;
mais, pour clore la série par une œuvre du xvic siècle, on ne pouvait mieux
choisir que la fine croix d’argent de Mongiovino, dont on croirait volontiers que
Cellini ou l'un de ses meilleurs élèves a ciselé les figures élégantes et longues, et
l’entrelacement des feuillages.
L’étude des calices émaillés et ciselés peut apporter aussi plus d’un rensei-
gnement utile à l’histoire de l’art. C'est ainsi que l’on doit ajouter à la liste des
orfèvres ombriens le nom de Cataluzzo de Todi, l’auteur du grand calice, accom-
pagné de sa patène, qui appartient au musée de Pérouse (chatalvtivs pétri de
tvderto me fecit), calice de vermeil avec médaillons émaillés sur le nœud et
riches ciselures à la base de la coupe. Je n’en vois qu’un qui lui soit comparable
et même supérieur, si l’on veut, par ses dimensions prodigieuses : le calice de
Veroli, qui semble fait pour un géant. 11 n’est pas signé et porte le seul nom du
chanoine qui le fit faire : dnus nicolaus masii canonicus ver. Nombre d’autres, aux
proportions plus raisonnables, sont d’une grâce infinie dans la simplicité de leur
décor ; ainsi ceux de Nocera, ainsi le calice de Benoît XI, appartenant encore
au musée de Pérouse, et ceux qu’ont envoyés les chanoines de Montefiascone
(deux portent la signature d’orfèvres de Viterbe : arcimanno rattista de yiterbio
ME FECIT, et HOC OPUS FECIT PETRUS AVIAS IUDICE AURI1TCE DE VITERBIO AN. D. MCCCCXXVIl).
Il faudrait, pour clore la liste, décrire deux antiquités vénérables, dont l'une
au moins a tous les droits à notre respect. C’est le calice d'argent de Feltre,
qui se rapproche un peu de la forme du gobelet primitif, lourd et profond, de
pied très court, avec l’inscription suivante,de style également antique: -[-de donis
dei vrsvs diaconus sancto petro ET sancto pavlo orTVLiT. L’autre, le fameux calice
de saint Jérôme, conservé à Sant’ Anastasia de Rome, semble plus que suspect :
sur une monture du xv» siècle, un fragment de vase oriental en pâte blanche, si
bien caché, du reste, dans son enveloppe scellée, qu’on le devine plutôt qu’on 11e
le voit.
Comment décrire, comment citer même les fers à hosties (parmi lesquels celui
de l’hostie de Bolsène, appartenant au municipe de Turin), les ostensoirs (parmi
lesquels celui de Montalto, dans les Marches, œuvre d’architecture touffue, datée