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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 27.1902

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Nr. 1
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Benoît, Camille: La peinture française à la fin du XVe siècle (1480 - 1501), 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24809#0086

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LA PEINTURE FRANÇAISE A LA FIN DU XVe SIÈCLE

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s’écrie — et c’est l’avant-conchision du double drame (ou plutôt de la
bilogie) :

Élevez vos regards vers le Regard sauveur,

Vous tous, êtres repentants et tendres,

Pour vous façonner avec reconnaissance
A votre bienheureuse destinée.

Que toute intention meilleure
S'incline à te servir :

Vierge, Mère, Reine,

Déité, reste miséricordieuse !.

Dans la peinture de Moulins, quatorze anges forment à la
Vierge une garde d’honneur, couronne de lumière, de vie et de
grâce, plus belle encore que la couronne de métal et de joyaux
suspendue au-dessus de sa tête par deux privilégiés d’entre eux. En
bas, deux autres adolescents ailés soutiennent la banderole à
l’inscription latine, l’un montrant le texte explicatif, l’autre celle à
laquelle il s’applique ; auprès et au-dessus de ces seconds privilégiés,
deux couples angéliques, mettant en action le conseil et la prière de
Marianus, « élèvent leurs regards vers le Regard sauveur ». Dans
l’intervalle, au milieu et sur le même plan que Marie, un double
chœur d’anges, dont un seul sourit, s’abîme en adoration devant la
Vierge et l’Enfant.

Il est difficile de définir, d’exprimer le charme singulier de toutes
ces jeunes figures, si merveilleusement conçues et disposées. Là.
surtout, est la création originale, la révélation du don spécial de
l’artiste; là, surtout, se justifie l’appellation de « Maître aux anges »
donnée à l’auteur anonyme. Ces anges-là ne doivent rien à per-
sonne. Ils n’ont rien à faire ni avec Cologne et Bruges, ni avec
Florence et Milan. Ils sont moins secs, moins tortillés et moins
pinces que leurs contemporains — ou presque contemporains —
peints par le maître de la Vie de Marie, du Thomasaltar ou de Saint-
Séverin ; ils sont moins fades, plus expressifs et plus intelligents
que leurs charmants frères inventés par Memling ; ils sont plus
tendres, plus naturels dans la tendresse, que leurs beaux cousins
prodigués par Botticelli ; ils rayonnent d’une grâce plus vive, plus
nerveuse, que les anges de Borgognone ou de Luini1. Là, plus rien
qui sente la pierre, le bois ou la terre cuite vernissée, comme il

1. C’est encore à certains Luca délia Robbia que s’apparenteraient le mieux
nos anges de Moulins.
 
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