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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 27.1902

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Nr. 2
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Berenson, Bernard: Quelques peintures méconnues de Masolino da Panicale
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https://doi.org/10.11588/diglit.24809#0111

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

cane ; cela s’explique, non seulement par le merveilleux état de
conservation de la peinture, mais plus encore par l’habileté reconnue
de Masolino comme peintre de fresques. Vasari écrit à ce sujet :
« Mais où Masolino fit preuve du plus grand mérite, c’est dans la
peinture des fresques. Il y réussissait si bien, nuançait et fondait
ses teintes avec une telle perfection, que ses tons de chair ont la
plus grande délicatesse qu’on puisse rêver. »

Cette fois encore, l’œuvre est si manifestement de Masolino
qu’il semble superflu de chercher à le prouver. Néanmoins, pour les
sceptiques, une courte démonstration ne sera peut-être pas inutile.
Qu’ils comparent donc la tête de cette Vierge avec celle du charmant
éphèbe qui apparaît de face dans la Résurrection de Tabitha et avec
celle de l’adolescent aux cheveux bouclés de la Fête d’Hérode, à
Castiglione. Ce sont les mêmes proportions, le même doux regard,
la même bouche gracieuse, la même forme de nez. Comme toujours
chez Masolino, les coins des yeux sont légèrement relevés. Enfin,
les anges présentent exactement le type que nous avons observé à
Castiglione et à Munich.

Mais cette fresque atteste un notable progrès sur la Trinité de
Munich, peut-être même sur les peintures de Castiglione. Le sens
de la forme et delà grandeur s’était considérablement développé chez
Masolino : l’Enfant est presque aussi ferme dans sa stature, et aussi
sévère d’expression que s’il avait été peint par Masaccio. Toutefois,
on ne peut songer à attribuer la fresque à cet artiste. L’œuvre est
trop douce, trop délicate, le dessin des mains trop fouillé et trop fin,
le coloris trop brillant et trop transparent. D’autre part, il n’y a pas
de donnée qui interdise de croire que Masolino ait exercé son art à
Empoli. Plus que tout autre, il dut être amené à séjourner dans
cette ville, puisqu’il résidait non loin de là, à Panicale.

Ce n’est pas, d’ailleurs, la seule fresque qu’il ait laissée à Empoli.
Dans le baptistère de cette ville, nous admirons une Pietà dont
l’intensité d’émotion et la noble sobriété rappellent les plus belles
compositions de Bellini. L’œuvre a déjà été signalée par le Cicerone,
qui, dans le doute, l’attribue à Masaccio, et par moi-même, qui,
après quelques hésitations, en accordai la paternité à Masolino.
Aujourd’hui, j’ai cessé de douter; je suis convaincu que Masolino
en est bien l’auteur. Elle n’est certainement pas de Masaccio. Tant
dans ses panneaux que dans ses fresques, Masaccio usait toujours
d’un coloris plus foncé et plus opaque ; ici, nous retrouvons les
teintes blondes et la transparence qui distinguent les fresques de
 
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