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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 27.1902

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Nr. 5
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Bouyer, Raymond: L' exposition rétrospective et moderne de la gravure sur bois à l'École des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.24809#0416

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388

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

que l’agent provocateur de ces menées révolutionnaires, c’est, dircc-
tement ou indirectement, la photographie... » En 1902, fidèle à ces
traditions d’indépendance et dévouée à tout réveil intelligent de la
gravure, la Gazette des Beaux-Arts est heureuse de constater l’activité,
Faction de la gravure sur bois renaissante, les preuves de sa lutte,
salutaire déjà, contre le « procédé » photographique, et de répéter
l’affirmation par laquelle Bracquemond termine sa substantielle
Etude sur la gravure : « Quand on voudra de beaux livres, ornés de
beaux dessins en accord typographique avec le texte, il faudra les
demander, encore et encore, à la gravure sur bois, à la vraie gravure
sur bois, au graveur sur bois ! »

A l’Ecole des Beaux-Arts, la preuve devient définitive : oui, la
gravure sur bois est l’auxiliaire du livre, car elle seule réalise plei-
nement son harmonie décorative, en réconciliant sous la même encre
le texte et l’image, et sa loi naturelle est l’accord le plus parfait
possible avec le caractère imprimé; par conséquent : 1° la gravure
sur bois est préférable au simili, au procédé mécanique, toujours
plus monotone et plus neutre ; 2° tous les graveurs sur bois contem-
porains, depuis quarante ans, qui veulent compliquer leur tâche afin
de rivaliser avec la photogravure, sont des virtuoses de plus en plus
éloignés des beaux exemples du vrai bois.

Comme une aristocratique personne, méconnue longtemps, qui
cachait ses trésors dans l’ombre, la gravure sur bois prouve avec
satisfaction son antique noblesse en étalant au grand jour ses par-
chemins, je veux dire en groupant ses maîtresses pièces à l’appui
de la double démonstration qu’elle a voulu faire. En quelques salles,
une histoire séculaire se déroule, riche d’enseignements et d’évoca-
tions. Tout se transforme, assurément; mais tout s’enchaîne. Et la
loi même de l’évolution fait pressentir la tradition particulière d’un
art sous les métamorphoses de la vie. De grands noms, qui résument
la physionomie de leur temps ; des livres ou des œuvres, minuscules
pour la plupart, qui sont des pages arrachées d’un livre ; quelques
dates initiales ou capitales, pour jalonner les étapes : tels sont les
documents qu’une pareille exposition nous offre pour un mois et
dont il faut dès aujourd’hui faire parler l’ensemble harmonieux.

Quel meilleur plaidoyer pour l’avenir du « bois » que le spec-
tacle inédit de son passé, depuis les candides « épargneurs de traits »
qui supplantèrent les enlumineurs? Car l’estampe a remplacé la
miniature ; le manuscrit, le missel, ont cédé la place au livre : symp-
tômes définitifs des temps nouveaux qui sont, à nos yeux, des temps
 
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