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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Nr. 2
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Baud-Bovy, Daniel: Peintres genevois (XVIIIe siècle et commencement du XIXe), 1: le mouvement d'art en Suisse
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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0115

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102

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

esthétique, qu’une influence insignifiante. D'autres soins absorbaient
l’étroite cité ; où aurait-elle pris le temps de se parer ? A peine le
cercle d’ennemis qui l’enveloppait lui laissait-il celui de fortifier
ses remparts. L’art est un épanouissement ; comment aurait-il fleuri
dans une cité toujours inquiète, toujours menacée de l’échellée ?
Aussi les Réformateurs, s’ils s efforcèrent d’y éteindre l’amour du
plaisir, y furent-ils, en réalité, moins qu’ailleurs iconoclastes. Les
« ordonnances » ne firent que maintenir un habituel état de choses ;
elles interdisaient le port des bijoux, des galons d’or ou d’argent, les
moindres objets de luxe; elles interdisaient toute nouveauté aux
faiseurs de robes et d’habits. Pourtant, un peu de sécurité etd’aisancc
aidant, elles durent renoncer à tant de rigueur ; à la fin du xvne siècle,
elles autorisaient les gens de qualité à encadrer d’or les miroirs et
les portraits de famille ; au milieu du xviue siècle, moquées, ridicu-
lisées, vétustes, elles ne purent empêcher les arls de prendre droit
de cité ; le syndic Burlamachi, puis Fr. Tronchin, formèrent des
galeries de tableaux, des « cabinets », comme on disait alors. En 17o 1,
une école de dessin —destinée, il est vrai, et uniquement à déve-
lopper les industries d’art (joaillerie, horlogerie, etc.) —- fut insti-
tuée ; en 1772, le grand de Saussure et quelques-uns de ses amis,
fondèrent la Société pour l’avancement des arts, encore aujourd’hui
florissante.

Aussi, et parallèlement aux successifs états d’esprit dont témoi-
gnent ces faits, point d’artistes, pas même étrangers, jusqu’à la fin
du xvie siècle. Durant le xvne siècle, soit parmi les gens bien nés
qui avaient des loisirs, soit parmi les artisans qu’animait un naturel
génie, des créateurs se révélèrent ; mais tous, tant le milieu était
défavorable, durent s’expatrier : Turquet de Mayerne ’, un médecin,
émailleur à ses loisirs, qui mourut à Chclsea ; le fameux Jean
Petitot1 2, son ami, qui passa la majeure partie de son existence en

1. Th. Turquet de Mayerne (I'073-1655), lits de l'historien réformé Louis de
Mayerne, et dont Théodore de Bèze fut le parrain, étudia la médecine à Mont-
pellier, devint successivement médecin d’Henri IV de France, de Jacques Ier et
de Charles Ier d’Angleterre. Il mourut à Chelsea. Excellent chimiste, il étudia
les couleurs nécessaires à la peinture en émail et perfectionna beaucoup les pro-
cédés jusqu'alors employés dans cet art. On cite de lui quelques portraits.

2. Jean Petitot, (ils du sculpteur et architecte Faule Petitot, fut destiné à la
joaillerie et à l’orfèvrerie. De bonne heure il s’essaya à peindre sur émail. Il visita
l'Italie, puis se rendit à Londres, où son compatriote Turquet de Mayerne 1 ac-
cueillit et lui transmit ses découvertes relatives à la chimie des couleurs. Il fit à
Londres de nombreux portraits, et se lia avec van Dyck, dont il reproduisit en
 
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