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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Schnerb, Jacques Félix: Paul Flandrin: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0135

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

un jour, désespérant de trouver chez un modèle de profession assez
d’intelligence pour comprendre sa pensée et la traduire par un mou-
vement, demanda aussi à ses deux élèves de l’aider dans son travail
en posant pour lui le groupe d’Antiochus examiné par son médecin,
groupe dont l’arrangement lui coûta beaucoup de peine et qui fut
recommencé maintes fois sur la toile, ainsi que plusieurs parties de
la Stratonice.

En mourant, HippolyteFlandrin laissait inachevées les peintures
murales de Saint-Germain-des-Prés. Paul put exécuter la scène de
PAscënsioii, d’après une esquisse laissée par son aîné, et compléta la
décoration par les deux figures des anges du Jugement dernier, qui
sont entièrement de lui.

Il fut paysagiste autant par modestie que par vocation, et pour-
tant, à côté des figures qu’il dessina pour son frère, il laisse un
grand nombre de portraits à la mine de plomb qui prouvent la
variété de ses aptitudes. Sans doute, ces crayons ne peuvent être
approchés impunément de ceux d’Ingres, mais le souvenir de ces
derniers n’empêche pas ceux de l’élève de plaire, parce que l’obser-
vation fidèle de la nature, la vérité des attitudes, la pénétration des
caractères, en font des œuvres vivantes et durables.

La vie de Paul Flandrin fut longue et bien remplie par le
travail. Il resta toujours à l’écart des querelles d’écoles et ne connut
pas les inquiétudes de quelques artistes de son temps, éblouis par le
soleil et qui voulurent fixer un peu de cet éblouissement sur leurs
toiles. Ils prirent d’abord l’astre à son déclin ; captivés par les ors
du couchant, ils apprirent à imiter des jeux de lumière que leurs
prédécesseurs avaient négligés. Plus tard, s’enhardissant, d’autres
chercheurs suivirent l’astre dans sa course, tentèrent de reproduire
l’éclat aveuglant de midi, et se plurent dans la lumière jusqu’à la
griserie. Paul Flandrin se contenta des moyens que lui avaient
enseignés les anciens maîtres. Il resta plus sensible aux charmes
de la forme qu’aux séductions de la couleur, et n’eut point d’autre
ambition que de conserver des lieux qu’il avait aimés une image
embellie par une âme sensible aux souvenirs antiques et aux rêves
de bonheur ; cet idéal, réalisé avec talent, assure des amis à son
œuvre pour un long temps.

J.-F. SCHNERE
 
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