DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:Marcel, Henry: Les Salons de 1902, 4
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
mort, l’œil large ouvert, le bec menaçant, une serre levée, l’autre
crispée sur un drapeau. L’image est expressive, mais plus littéraire
peut-être que plastique. Vue de face, la tête de l’oiseau symbolique
ne présente qu’une arête mince et sèche; le corps troué de biscaïens,
les ailes déchirées, donnent plutôt l’impression d’une cible après le
tir que d’un organisme vivant, où la brèche des projectiles est d’or-
dinaire moins apparente. Le parti pris général de l’édicule est éga-
lement critiquable; il a l’inconvénient de rappeler, en miniature,
la butte colossale, couronnée d’un lion, qui domine tout le champ
de bataille, d’opposer une taupinière à une montagne, et de suggérer
ainsi une comparaison tout au désavantage de notre humilité ou de
notre parcimonie. Une œuvre purement artistique, de dimensions
restreintes, de matière rare, d’exécution précieuse, eût plus digne-
ment éternisé notre deuil et affirmé notre génie.
Dans son Monument de Villebois-Mareuil, M. Verlet a su
échapper à la vulgarité par où pèchent trop souvent les composi-
tions de ce genre. Le héros tombant, les bras en croix, dans une
attitude où on ne sent pas suffisamment l’affaissement de la mort;
la Gloire qui le reçoit, en brandissant d’an geste d’appel l’étendard
qui, après lui avoir drapé le torse, revient étoffer le bas du groupe
de ses plis traînants, sont d’un sentiment sobre et distingué ;
dirai-je que la ligne générale paraît un peu maigre? La lourdeur
est, au contraire, ce qui dépare le Monument de Pasteur parM. Cariés ;
le savant exhibe, au haut du fût, des anatomies bien ingrates et une
physionomie sans éclair; la femme, flanquée de deux enfants, qui
lève les yeux vers lui, offre des parties de nu d’une exécution large
et souple ; mais le Génie qui le lui désigne de la main dessine une
silhouette assez veule sous ses draperies, si peu indiquées dans leurs
parties collantes, que la chute en semble émaner des chairs elles-
mêmes. Le Du Guesclin de M. Frémiet a le double tort de rappeler
de trop près la Jeanne d’Arc de la place des Pyramides pour la mon-
ture, et, pour le cavalier, le haut-relief du château de Josselin ; il
a du moins, en propre, la bonne assiette de l’ensemble, l’accent
d’individualité du large masque lippu, et la curiosité archaïque de
l’ajustement : cuirasse lacée à écusson, chemise de mailles, heaume
conique ceint de lauriers.
Le Victor Hugo de M. Becquet, pour la ville de Besançon,
demi-nu, assis dans la pose du Ménandre antique, est d’une facture
bien étriquée ; dans le masque, plus ridé que de raison, ni l’orbite
n’a son enfoncement, ni le front son magnifique volume. Combien
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mort, l’œil large ouvert, le bec menaçant, une serre levée, l’autre
crispée sur un drapeau. L’image est expressive, mais plus littéraire
peut-être que plastique. Vue de face, la tête de l’oiseau symbolique
ne présente qu’une arête mince et sèche; le corps troué de biscaïens,
les ailes déchirées, donnent plutôt l’impression d’une cible après le
tir que d’un organisme vivant, où la brèche des projectiles est d’or-
dinaire moins apparente. Le parti pris général de l’édicule est éga-
lement critiquable; il a l’inconvénient de rappeler, en miniature,
la butte colossale, couronnée d’un lion, qui domine tout le champ
de bataille, d’opposer une taupinière à une montagne, et de suggérer
ainsi une comparaison tout au désavantage de notre humilité ou de
notre parcimonie. Une œuvre purement artistique, de dimensions
restreintes, de matière rare, d’exécution précieuse, eût plus digne-
ment éternisé notre deuil et affirmé notre génie.
Dans son Monument de Villebois-Mareuil, M. Verlet a su
échapper à la vulgarité par où pèchent trop souvent les composi-
tions de ce genre. Le héros tombant, les bras en croix, dans une
attitude où on ne sent pas suffisamment l’affaissement de la mort;
la Gloire qui le reçoit, en brandissant d’an geste d’appel l’étendard
qui, après lui avoir drapé le torse, revient étoffer le bas du groupe
de ses plis traînants, sont d’un sentiment sobre et distingué ;
dirai-je que la ligne générale paraît un peu maigre? La lourdeur
est, au contraire, ce qui dépare le Monument de Pasteur parM. Cariés ;
le savant exhibe, au haut du fût, des anatomies bien ingrates et une
physionomie sans éclair; la femme, flanquée de deux enfants, qui
lève les yeux vers lui, offre des parties de nu d’une exécution large
et souple ; mais le Génie qui le lui désigne de la main dessine une
silhouette assez veule sous ses draperies, si peu indiquées dans leurs
parties collantes, que la chute en semble émaner des chairs elles-
mêmes. Le Du Guesclin de M. Frémiet a le double tort de rappeler
de trop près la Jeanne d’Arc de la place des Pyramides pour la mon-
ture, et, pour le cavalier, le haut-relief du château de Josselin ; il
a du moins, en propre, la bonne assiette de l’ensemble, l’accent
d’individualité du large masque lippu, et la curiosité archaïque de
l’ajustement : cuirasse lacée à écusson, chemise de mailles, heaume
conique ceint de lauriers.
Le Victor Hugo de M. Becquet, pour la ville de Besançon,
demi-nu, assis dans la pose du Ménandre antique, est d’une facture
bien étriquée ; dans le masque, plus ridé que de raison, ni l’orbite
n’a son enfoncement, ni le front son magnifique volume. Combien