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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Nr. 2
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Marcel, Henry: Les Salons de 1902, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0145

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

ment qui semble chercher le ciel ; cette autre est comme absorbée,
refoulée dans les profondeurs de sa jouissance ; la dernière s’aban-
donne sur l’épaule de la musicienne, dont l’émotion a l’air de la
traverser tout entière. On ne saurait faire sentir avec des mots la
pureté de cette scène, la blancheur de ces âmes de vierges ; le marbre
les a merveilleusement rendues par la discrétion des reliefs, la
tranquillité des plans, l’absence presque complète des ombres. Le
tact dans l’exécution égale ici la distinction du sentiment. Je ne sais
quelle coïncidence a rapproché de cette cécité sereine la tragique
cécité d’Œdipe. M. Vidal l’a fortement exprimée chez le vieillard,
par la tension en avant du visage et du buste ; l’idée, en outre, est
touchante, de montrer Antigone épuisée, soutenue par l’aveugle, et
cette faiblesse consolée par cette infortune. Le travail de ce groupe
n’est point, par malheur, au niveau de son inspiration ; il a quelque
chose de vieillot, de déjà vu, au Louvre sans doute, dans les salles
de la Restauration, où régnent Dupaty et Bosio. M. Carii déploie de
rares qualités de savoir et de tenue, avec une regrettable absence de
personnalité, dans deux compositions importantes : Jésus secouru par
Véronique et La Lutte de Jacob avec l’ange, où la passivité victo-
rieuse de ce dernier, qui se borne à montrer le ciel, source de sa
force invisible, n’est pourtant pas sans grandeur. Les Vierges folles
de M. Icard reparaissent sous les espèces du marbre, toujours aussi
harmonieusement contrastées dans leurs attitudes d’opiniâtreté, de
révolte et de désespoir. Je goûte fort l’habile distribution des formes,
présentées sous tous leurs aspects intéressants, l’agencement des
membres entremêlés sans désordre, tout en me demandant par
quelle singulière opération mentale l’artiste a trouvé texte à une
évocation toute profane et plastique dans la mystique parabole qui
déroule, aux portails de nos cathédrales, son édifiant enseignement.

Il y a une recherche de la gravité et de l’onction religieuse dans
XApôtre de M. Larché, marchant, les mains étendues pour la béné-
diction, à travers la tempête, et une naïveté étudiée dans la petite
Jeanne d’Arc de M. d’Epinay, où le travail trop italien du marbre a
mis quelque froideur. Le Richelieu à la Rochelle de M. Allouard,
martial et botté, est bien anecdotique pour ses dimensions. Dans la
XTision de Victor Hugo deM. Georges Bareau, le poète est faiblement
caractérisé, et les passions humaines s’enchevêtrent de façon par trop
confuse. Il est à souhaiter que tout cela se précise et se débrouille
lors de l’exécution définitive. Louons le Printemps de la vie de
M. Champeil, comme un bon morceau de début, d’une signification
 
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