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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Nr. 2
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Venturi, Adolfo: Les caractéristiques des anciens maîtres italiens, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0159

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LES CARACTÉRISTIQUES DES ANCIENS MAITRES ITALIENS 143

provenant d’une structure organique et d’une flexibilité de la paume
et des doigts commune à tous.

Les artistes se distinguent encore entre eux par le sentiment
des proportions, je veux dire des proportions des figures prises
séparément, et du rapport qui existe entre ces figures et l’espace
ambiant dans ce tableau, aussi bien qu’entre leur position et le
centre de la composition, et suivant le plan qu’elles occupent.
Chacun mesure diversement les proportions du corps humain, et
comme il n’est pas donné à l’œil d’embrasser le dessin entier d’une
figure quand celle-ci excède certaines limites, en la traduisant mor-
ceau par morceau sur papier, sur toile, sur bois, sur une muraille,
l’artiste modifie parfois légèrement par endroit ses mesures, l’ouver-
ture de son compas visuel. De là dérivent de curieuses habitudes
dans la détermination des rapports des membres ; et les membres
eux-mêmes en arrivent parfois à l’étrangeté, lorsque le peintre, par
l’exercice de la fresque ou par l’étude des effets plafonnants ou des
raccourcis, est obligé de renoncer à la comparaison avec la nature, à
la confrontation directe avec le modèle. Certains peintres, Garofalo,
par exemple, dessinaient leurs figures, surtout leurs figures assises,
d’une longueur démesurée; le Parmigianino allonge aussi ses
figures de femmes, surtout à l’encolure; Pietro Lombardi sculpte les
siennes tout étroites, rigidement enfermées dans un rectangle. Mais
les têtes de Giorgione s’inscrivent dans un ovale délicat, celles de
Mazzolino dans une circonférence, celle de Palma le Vieux dans un
carré, celles de Grandi dans un rectangle verticalement allongé,
celles du prétendu Vittor Belliniano, de l’Académie de Vienne (ce
doit être le même artiste que Vittor Camelio ou Giambello), dans un
rectangle allongé horizontalement. Et les mains sont enfantinement
petites chez Filippo Lippi, longues et étroites chez Bianchi Ferrari,
comme armées de griffes chez Basaiti, courtes et comme taillées en
pointe chez Giampietrino, larges et aplaties chez Dosso Dossi, sque-
lettiques chez le Parmigianino, etc.

Nous avons parlé des rapports entre les ligures et l’espace
ambiant. Dans le Combat de /’Amour et de la Chasteté du Louvre
(n° 1567), ce grand charmeur de Pérugin a disposé comme dans
deux ellipses concentriques les figures qu’il fit peindre ensuite — la
chose n’est pas douteuse — par un de ses élèves pour Isabelle d’Este;
figures dispersées entre des lances fichées en terre et des arbres
plantés comme des fourches, avec les divinités réparties dans le
 
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