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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Comolli, à Rauch, à Tieck, à Thorwaldsen, demandant aux uns son portrait,
faisant aux autres d’importantes commandes. Le musée de Versailles a récem-
ment, sur les indications et les instances de M. Marmottan, exhumé de ses maga-
sins une toile, jusqu'alors inconnue, de Benvenuti, représentant la princesse
entourée des artistes et des personnages admis dans son intimité. Une bonne
héliogravure de cette toile, prochainement exposée par les soins deM. de Nolhac,
orne, avec d’autres planches, le beau volume de M. Marmottan et nous en donnons
ici la reproduction.
« La province est morte : c’est le moment d’écrire son histoire », disait
en 1850, Ph. de Chennevières. MM. Roger-Sandoz et Victor Champier ont,
attendu l’agonie du Palais-Royal pour retracer les phases de sa longue existence,
et comme la besogne était ardue, ils se la sont partagée. De cette division sont
nés deux volumes d’inégale grosseur et dont le premier a paru beaucoup plus
tard que le second1. M. V. Champier s’est chargé de raconter les origines du
Palais, depuis Richelieu jusqu’à la Révolution; M. Roger Sandoz a promené le
lecteur des tripots grouillants du Palais Égalité à la morne solitude actuelle, où
le passant peut, à de certaines heures et dans certaines galeries, littéralement
entendre son pas sur les dalles. Le travail de M. Champier, très supérieur à
celui qu’Édouard Fournier a rédigé pour le Paris à travers les âges-, fait une
large part aux artistes qui ont embelli le Palais-Cardinal et aux collections qu'il
abritait avant la Révolution. M. Champier apporte notamment sur les vicissi-
tudes et la dispersion de la fameuse galerie d’Orléans des particularités neuves
en -1790 Léonor Mérimée avait obtenu le second;, né à Arles en 1760, y est mort en 1833.
Ildefonse Ratter, fds d’un architecte qui fut l'un des créateurs du quartier Saint-Clair à
Lyon, n’était, pas plus que Chinard, pensionnaire de l'Académie de France. R mourut
devant Toulon en 1794, dans les rangs de l’armée républicaine.
Signalons aussi à M. Marmottan une erreur matérielle qui a transformé (p. 209) le
graveur en médailles Jeuffroy en Jeoffroy et (p. 54 l’amusante métamorphose de Gérard
de Rayneval en Gérard de Nerval !
1. Victor Champier et G. Roger-Sandoz, Le Palais-Royal d'après des documents
inédits (1629-1900). Paris, Société de propagation des livres d’art, 117, boulevard Saint-
Germain ; 2 vol. in-4°. Tome I", xxi-548 p. et 1 f. n. ch. (marque de lïmpr. Gounouilhou,
à Bordeaux) ; tome II, 220 p. et 1 f. n. ch. (même marque).
2. Les dernières feuilles du travail de M. Champier n’ont pas été revisées avec le
même soin que les précédentes, et il s’y est glissé quelques erreurs dans les noms pro-
pres : par exemple, p. 447, Laborde-Nerville pour Laborde-Méréville. M. Champier a pris
au sérieux (p. 426 , après Ch. Marionneau, un passage facétieux des Mémoires secrets
attribuant à l’architecte Victor Louis une comédie intitulée Le Prince dupé, représentée
sur le théâtre de Mme de Montesson. 11 s’agit, en fait, d’un de ces titres imaginaires et
allusifs comme le xviii6 siècle en a tant inventés, et dont la mode a persisté même au
début de la Révolution. Parfois la mystification a été si bien combinée qu’elle dure
encore, et la méprise de M. Champier n’est pas le seul exemple qu’on en pourrait
alléguer.
Une erreur plus grave, parce qu’elle porte à la fois sur deux des noms les plus
illustres de la statuaire française, est la confusion faite par M. Champier (p. 453, note 2),
entre la Diane de Jean Goujon et celle de Houdon : c’est bien la Diane couchée auprès
d’un cerf, dont les débris avaient été recueillis par Lenoir au château d'Anet, que la
famille d’Orléans, héritière des biens de la maison de Penthièvre, réclama eu 1819; mais
Louis XVIII la déclara de bonne prise et offrit, à titre de compensation, un Ajax défiant
les dieux, de Dupaty !
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Comolli, à Rauch, à Tieck, à Thorwaldsen, demandant aux uns son portrait,
faisant aux autres d’importantes commandes. Le musée de Versailles a récem-
ment, sur les indications et les instances de M. Marmottan, exhumé de ses maga-
sins une toile, jusqu'alors inconnue, de Benvenuti, représentant la princesse
entourée des artistes et des personnages admis dans son intimité. Une bonne
héliogravure de cette toile, prochainement exposée par les soins deM. de Nolhac,
orne, avec d’autres planches, le beau volume de M. Marmottan et nous en donnons
ici la reproduction.
« La province est morte : c’est le moment d’écrire son histoire », disait
en 1850, Ph. de Chennevières. MM. Roger-Sandoz et Victor Champier ont,
attendu l’agonie du Palais-Royal pour retracer les phases de sa longue existence,
et comme la besogne était ardue, ils se la sont partagée. De cette division sont
nés deux volumes d’inégale grosseur et dont le premier a paru beaucoup plus
tard que le second1. M. V. Champier s’est chargé de raconter les origines du
Palais, depuis Richelieu jusqu’à la Révolution; M. Roger Sandoz a promené le
lecteur des tripots grouillants du Palais Égalité à la morne solitude actuelle, où
le passant peut, à de certaines heures et dans certaines galeries, littéralement
entendre son pas sur les dalles. Le travail de M. Champier, très supérieur à
celui qu’Édouard Fournier a rédigé pour le Paris à travers les âges-, fait une
large part aux artistes qui ont embelli le Palais-Cardinal et aux collections qu'il
abritait avant la Révolution. M. Champier apporte notamment sur les vicissi-
tudes et la dispersion de la fameuse galerie d’Orléans des particularités neuves
en -1790 Léonor Mérimée avait obtenu le second;, né à Arles en 1760, y est mort en 1833.
Ildefonse Ratter, fds d’un architecte qui fut l'un des créateurs du quartier Saint-Clair à
Lyon, n’était, pas plus que Chinard, pensionnaire de l'Académie de France. R mourut
devant Toulon en 1794, dans les rangs de l’armée républicaine.
Signalons aussi à M. Marmottan une erreur matérielle qui a transformé (p. 209) le
graveur en médailles Jeuffroy en Jeoffroy et (p. 54 l’amusante métamorphose de Gérard
de Rayneval en Gérard de Nerval !
1. Victor Champier et G. Roger-Sandoz, Le Palais-Royal d'après des documents
inédits (1629-1900). Paris, Société de propagation des livres d’art, 117, boulevard Saint-
Germain ; 2 vol. in-4°. Tome I", xxi-548 p. et 1 f. n. ch. (marque de lïmpr. Gounouilhou,
à Bordeaux) ; tome II, 220 p. et 1 f. n. ch. (même marque).
2. Les dernières feuilles du travail de M. Champier n’ont pas été revisées avec le
même soin que les précédentes, et il s’y est glissé quelques erreurs dans les noms pro-
pres : par exemple, p. 447, Laborde-Nerville pour Laborde-Méréville. M. Champier a pris
au sérieux (p. 426 , après Ch. Marionneau, un passage facétieux des Mémoires secrets
attribuant à l’architecte Victor Louis une comédie intitulée Le Prince dupé, représentée
sur le théâtre de Mme de Montesson. 11 s’agit, en fait, d’un de ces titres imaginaires et
allusifs comme le xviii6 siècle en a tant inventés, et dont la mode a persisté même au
début de la Révolution. Parfois la mystification a été si bien combinée qu’elle dure
encore, et la méprise de M. Champier n’est pas le seul exemple qu’on en pourrait
alléguer.
Une erreur plus grave, parce qu’elle porte à la fois sur deux des noms les plus
illustres de la statuaire française, est la confusion faite par M. Champier (p. 453, note 2),
entre la Diane de Jean Goujon et celle de Houdon : c’est bien la Diane couchée auprès
d’un cerf, dont les débris avaient été recueillis par Lenoir au château d'Anet, que la
famille d’Orléans, héritière des biens de la maison de Penthièvre, réclama eu 1819; mais
Louis XVIII la déclara de bonne prise et offrit, à titre de compensation, un Ajax défiant
les dieux, de Dupaty !