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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Nr. 3
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Stryienski, Casimir: Marie-Josèphe de Saxe, Dauphine, et ses peintres, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0260

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238

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

En une autre circonstance, Marie-Josèphe fait une jolie compa-
raison entre les produits de Sèvres et ceux de Meissen. Elle avait
reçu de son frère Xavier un cadeau, et, tout en le remerciant, elle
lui dit : « Les petites figures de biscuit sont d’un travail admirable,
mais je voudrais qu’on eût de meilleurs dessins; ces petites figures
ont toujours un air gêné, contraint et affecté, qui leur ôte de la
grâce; c’est dans le dessin et les formes que je préfère la porcelaine
d’ici et que je voudrais qu’on l’imitât en Saxe1. »

Marie-Josèphe était devenue plus française que saxonne; elle
s’était assimilé l’élégance et le goût de son entourage. Les tableaux
de Chardin, le Bénédicité et la Mère laborieuse entre autres, qu’elle
avait pu étudier chez le roi, les pastels de La Tour qu’elle appréciait
à leur haute valeur, une visite qu’elle fit au Luxembourg pour voir
les Rubens, et, en somme, sa culture générale, lui avaient permis de
distinguer entre le beau et le joli, entre le convenu et le réel. Si
elle avait osé détourner un peu de l’argent de scs larges aumônes
pour quelque fantaisie, on se rend compte que ce n’est pas à Bou-
cher, par exemple, qu’elle aurait fait des commandes; elle eût choisi
un peintre moins aimable, mais plus sincère.

Aussi n’est-on point trop surpris de lire, au bas d’un Tombeau2
de la Dauphine, ces vers qui, sans être des meilleurs, peuvent
servir de conclusion à ces quelques pages :

Livrez-vous, dieux des Arts, à vos justes douleurs 1
Fut-il jamais sujet plus digne de vos pleurs?

Mais vous qui la formiez, cette auguste princesse,

Pour l’honneur des vertus aux lois de la sagesse,

Sainte Religion, pourquoi gémissez-vous?

Sa perte, juste ciel, n’est perte que pour nous 3.

Elle meurt. Je me trompe, à la terre ravie,

Elle retrouve aux deux la couronne et la vie.

CASIMIR S T R YIE N S Kl

1. Archives de Dresde, iv, 10, 90, lettre datée de Compiègne, 4 juillet 1765.
-• Celte estampe est de François, graveur ordinaire du roi de Pologne, duc
de Lorraine. (Bibliothèque Nationale.)

3. Nous autres artistes.
 
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