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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Nr. 3
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Denoinville, Georges: Edme Saint-Marcel, 1: peintre, graveur et dessinateur
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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0276

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254

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

palais de Fontainebleau. Il se trouvait, ce jour-là, seul clans l'atelier
avec Schopin, le fils de l’ancien directeur de la faïencerie de Mon-
tigny-sur-Loing, quand, tout-à-coup, le chambellan annonça l’Empe-
reur et l’Impératrice, qui entre la première, suivie de ses dames
d’honneur. Saint-Marcel s’est avancé pour la saluer, mais soudain,
pris de timidité, impressionné, c’est très possible, par la beauté de
l’Impératrice, il reste muet et embarrassé, répond mal aux questions
de la souveraine. Enfin l’Empereur paraît; Saint-Marcel est plus à
l’aise et montre son tableau, que l’Empereur, la cigarette aux lèvres,
complimente, en même temps qu’il attire Saint-Marcel auprès de la
fenêtre et s’extasie avec lui de la belle vue qu’ils ont sous les yeux,
de l’étang des carpes et des frondaisons qui l’encadrent. Puis l’Em-
pereur rejoint l’Impératrice et sort.

» Deux jours après, Saint-Marcel reçoit l’ordre de l’Empereur de
peindre le paysage de la fenêtre. Saint-Marcel le commence, mais,
un après-midi de spleen, il crève sa toile en s’écriant : Non ! déci-
dément, non ! je ne suis pas un courtisan. »

C’est du moins ce qui subsiste de ses confidences à un artiste
qui travaillait à la décoration intérieure de la Galerie des Cerfs et
exécutait des vues de France en camaïeu bleu, artiste que je suppose
devoir être le peintre de fleurs A. Couder. C’est encore lui qui recon-
duisait poliment, mais avec une froide dignité, à la porte de son
atelier, un amateur qui le priait de meubler de quelques moutons
la solitude d’un de ses paysages, dont ils avaient longtemps débattu
le prix : « Des moutons, s'écria Saint-Marcel, des moutons dans la
forêt! Jamais, monsieur ! »

G. DE N OIN VILLE

(La suite prochainement.)

un paysagiste, il s’étonna de ne pas voir sur sa palette du vermillon. «A quoi bon?
répliqua le peintre, montrant la verdure environnante. — Mais, riposta Saint-
Marcel, gouailleur, sans l’ombre d’une méchanceté, avec quoi donc faites-vous
les verts ? »

11 est évident que Saint-Marcel sut se concilier de solides amitiés, nous en
avons l’attestation par cette lettre.

1889.

Mon cher Prunaire,

... Je descendrai probablement che'< ce bon et vieil ami Pétroz, chez qui j’ai déjà
accepté 1 hospitalité dernièrement pendant quarante-huit heures, sur lesquelles je n’ai pu
parvenir à en prélever une ou deux pour aller vous serrer la main, me trouvant repris
en sous-œuvre par Jean Gounod qui, depuis longtemps, brûlait de me montrer son
atelier, de me présenter à son père et qui m’a aussi voulu donner une nouvelle preuve
d amitié en m invitant personnellement dans sa demeure intime de petite famille.

Saint-Marcel.
 
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