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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0286

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264

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

environ du maître dispersées dans les divers musées européens. Remarquons
tout de suite, avec Aubert et Granberg, que, sur ces tableaux aucune colline n’est
assez haute pour être appelée fjeld, et aucun golfe ne mérite le nom de fjord.
Rien de tout cela n’est véritablement norvégien, et ces œuvres constituent, au
contraire, des reproductions saisissantes de la nature de la Suède centrale, où
Everdingen a certainement résidé, nature moins sauvage et d un pittoresque
plus modéré mais plus mélancolique que l’àpre et grandiose nature norvégienne.

Il y a en France, en tout, huit œuvres d’Everdingen ; les Navires dans une
tempête de neige, à Chantilly, ont été reproduits dans l’ouvrage de M. A. Gruyer :
La Peinture au château de Chantilly 1 ; le Louvre, les musées de Lille, Rouen,
Lyon, et la galerie Sedelmeyer (catalogue illustré de 1898), ont chacun un
paysage ou une chute d’eau de Allart van Everdingen. La galerie Poullain (1781)
en possède deux.

L’ouvrage de M. Granberg reproduit une vingtaine de ces tableaux : on y
trouve une grande affinité avec les œuvres de Jacob van Ruysdael, son contem-
porain. Lequel des deux a inspiré l’autre? c’est là une question qui a longtemps
divisé la critique, plus portée à admettre comme suprématie de Ruysdael l’ori-
ginalité.

Cependant, il faut reconnaître, avec le savant critique hollandais Bredius, que
l’impression produite par ces reproductions d’une nature mélancolique, mais
profondément poétique, fut énorme sur le marché artistique d’Amsterdam, alors
inondé de paysages hollandais. Aussi semble-t-il plus probable que Ruysdael,
inspiré par les tableaux alors si prisés d’Everdingen, s’en soit approprié l’esprit
général en l’interprétant d’une manière toute libre et toute personnelle. Et ce
ne serait pas déjà un mince titre de gloire pour Allart van Everdingen que
d’avoir inspiré Ruysdael, de même qu’il a certainement été le maître du
célèbre peintre de marines Ludolf Backhuysen.

Mais s’il fut un excellent maître, Everdingen fut aussi un grand peintre par
la force et le charme avec lesquels il a su interpréter la mélancolique nature du
Nord, son ciel nuageux, ses cascades éeumantes, ses rocs abrupts et ses sombres
forêts de sapins ; et si nous devons juger la valeur d’un paysagiste par la pro-
fondeur de son intimité avec la nature et par la poésie émue de son interpré-
tation, il faut proclamer que Allart van Everdingen est un des plus grands
paysagistes qui aient jamais existé, et qu’il peut, suivant l’expression du critique
Andréas Aubert, rivaliser même avec le grand Claude Lorrain.

MAGNUS SYNNESTVEDT

1. Paris, Plon, Nourrit et Cie, 1896.

L’imprimeur-gérant : André MARTY.

PARIS. — IMPRIMERIE DE LA « GAZETTE DES BEAUX-ARTS », 8, RUE FAVART.
 
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